Plusieurs membres de la famille de Janita Jean ont déménagé des camps et espèrent que se construiront d’autres logements sur leur terrain commun.
Résumé du projet.
Construction d’une petite structure en blocs béton et toit de tôles plates, citerne de récupération de l’eau de pluie, toilettes. Financement Esol Alpes Provence : 2000 € Fédération Enfants-Soleil 700 €
Dimensions 5.5m / 4,40m ( Superficie = 24m².)
2 portes 3 fenêtres.
Aide à l’aménagement d’un jardin. Récupération de l’eau de pluie.(Citerne)
Situation générale : un grand désordre.
Immense village de tentes, ou de cabanes improvisées, construites avec des matériaux de récupération, ou de maisons préfabriquées en bois ou en parpaings, Onaville, à 18 kilomètres de Port au Prince, se fabrique peu à peu dans une complète anarchie.
Ici ou là, des villages entiers de maisons de bois, ou d’autres matériaux préfabriqués, des maisons rudimentaires, uniformes, serrées les unes contre les autres, forment des îlots. Elles ont été construites par de grandes associations, quoi se sont depuis désengagées. Elles ne sont apparemment pas faites pour durer très longtemps.
Les déplacés des camps sont là…100000 ? 150000 ? 200000 ? et chaque jour plus nombreux ; ils viennent des places, rues, stades, terrains de golf, ou espaces particuliers, parkings d’usine, où ils gênaient et vivaient de plus en plus dans des conditions d’hygiène et d’insécurité alarmantes… que deviendra avec le temps cette nouvelle Cité ?
Beaucoup de familles déplacées à la suite du séisme ont déménagé dans cette « ville nouvelle », située au large de la route N°1 ( route du Nord) au pied des collines Titanyen. On compte plusieurs villes sur plus de 10 kilomètres de friches, appartenant à l’Etat, ou nationalisées par l’Etat haïtien, et qui appartenaient à de grands propriétaires privés : Canaan, Tytanyen, Onaville…
Cette cité nouvelle devient une véritable ville, malgré l’anarchie totale des constructions de tous types qui y poussent. En fait, cet espace est en passe de devenir le plus grand bidonville d’Haïti. On n’a pas eu le temps de viabiliser, on ne sait même pas si c’est possible. Il n’y a ni eau ni électricité, ni route pour y aller, seules des pistes poussiéreuses qu’empruntent les nombreux tap tap qui conduisent les habitants vers les lieux urbains.
Dans la précipitation, et sans véritable plan d’occupation, ni infrastructure, cette ville se construit au gré de l’imagination et des moyens (souvent très faibles) des habitants venus des camps, qui pourtant se sentent chez eux et font preuve de courage pour construire peu à peu, mais n’importe comment, un abri pour leurs familles.
Ces terrains publics, ou nationalisés, souvent devenus privés, mais le plus souvent que se sont attribué sans aucun droit ni cadastre, des propriétaires improvisés, ont peu de valeur, ils ont été squattés par les réfugiés ou parfois achetés à bas prix à leurs « propriétaires ». Une fois qu’ils ont construit une maison, quelle qu’elle soit, les réfugiés demandent une régularisation à l’état. Ils deviennent alors propriétaires de leur lopin de terre.
C’est en même temps une fuite des camps, et une ruée vers l’espoir d’une vie meilleure.
Plusieurs membres de la famille de Janita Jean ont déménagé des camps et espèrent que se construiront d’autres logements sur leur terrain commun.
C’est en même temps une fuite des camps, et une ruée vers l’espoir d’une vie meilleure.
Onaville comme Canaan, sont d’immenses cités nouvelles ou l’on trouve toutes sortes de constructions, dans le plus grand désordre, mais où la vie s’organise grâce aux efforts et au bon sens des habitants.
Spéculation.
Une certaine spéculation fait peu à peu monter le prix des terrains : les propriétaires de grandes parcelles ( les premiers arrivants ou les plus malins ou les plus forts,) les divisent pour les vendre aux nouveaux arrivants : par exemple, le voisin de la famille Jean, dans les premiers arrivés, a acheté son terrain 500 dollars haïtiens (50€), il en a revendu la moitié en deux parties à 1500 dollars haïtiens chacune 6 mois plus tard (3000 €). Avec cela et quelques économies, il s’est construit une petite maison en bois dont il est fier. Il a aménagé un joli petit jardin autour de la maison, dans ce désert de pierres et de poussière, il arrive à faire pousser des papayers…nous lui avons acheté quelques papayes ! Il était tout content d’avoir commercialisé sa première récolte ! Ce voisin cultive déjà quelques légumes, un cocotier, un chêne, un quenêpier, un petit manguier …Un problème est celui des chèvres qui y vivent en quasi liberté et se régalent des plantes potagères et des jeunes arbres, en particulier des moringas.
Les premiers arrivés ont parfois utilisé la prime octroyée par le gouvernement pour quitter les camps du centre- ville, pour acquérir un petit terrain.(20000 gourdes , soit 400 €) Mais beaucoup n’ont rien eu…il faut avoir des relations ou être très malin. Certains avaient plusieurs tentes ( louées) et ont échappé aux contrôles, touchant plusieurs fois la prime !
Certains réfugiés ont mis en place des petits commerces, d’autres, divers trafics pas forcément légaux ou moraux… c’est en fait un nouveau et énorme bidonville qui se met en place où tous les trafics sont déjà présents et en particulier la prostitution, dont celle des enfants. Plus les constructions seront en dur et salubres, plus cette cité prendra allure de ville. Dans le bas, une poussière blanche comme de la farine, permanente en saison sèche, pollue l’atmosphère, chaque fois qu’un véhicule passe ; mais beaucoup moins en haut où se situe la future maison de la famille.
Certaines familles, toujours optimistes, se trouvent bien ici…il faut comparer avec ce qu’ils ont vécu après le séisme dans les camps, et pour nombre d’entre elles, on peut aussi comparer avec ce qu’ils avaient avant le séisme.
La famille Jean. }
La famille Jean (en fait trois familles), occupe un terrain de 500m² environ sur lequel peuvent être construites trois petites maisons. Il est situé en haut, près de la montagne, et c’est un lieu plus tranquille que le reste de la Cité, qui devient de plus en plus dangereuse…mais ce n’est rien à côté des camps et les habitants, solidaires, s’organisent.
Après la construction des maisons, il restera de la place pour un jardin. Le terrain paraît très rocailleux et desséché, surtout en période sèche, mais avec un petit arrosage, on peut y cultiver des plantes potagères et aussi du moringa oléiféra ( benzolive) que certains Haïtiens connaissent et qu’ils consomment. Mais il faut aller chercher l’eau très loin ; cela n’arrête pas les gens qui sont étonnamment débrouillards et dynamiques, et tirent parti de tout pour survivre. Dans quelques mois, la maison de Mme Jean sera une jolie habitation avec un jardin, comme le voisin, on y verra des légumes et des fleurs.
Nous avons fait un devis de 2500 € pour construire cette maison, en dur, car nous sommes inquiets de voir les constructions diverses qui commencent à se dégrader au bout d’une année. En fait ces gens resteront ici, et il faut penser à l’avenir. Ils n’ont pas d’autre lieu où aller. On peut leur faire confiance, la vie recommence ici !
Manora et sa maman, devant la cabane construite de bric et de broc où elles vivent actuellement. L’intérieur de la maison où l’eau entre quand il pleut est aménagé avec goût et très propre. Mais ce sera différent dans quelques semaines !
La petite Manora Georges est parrainée par l’Association Enfants-Soleil, sa maman est seule et n’a pas de travail pour le moment. Elle pourra dans l’avenir faire un petit commerce avec un microcrédit gratuit octroyé par l’association. Un grand merci aussi à la marraine qui a permis à cette famille de survivre jusqu’à aujourd’hui. La fillette est allée à l’école ces dernières années et il existe une école, surgie de rien, comme les habitations, à quelques centaines de mètres de la future construction, où elle est désormais inscrite.
La famille vit aujourd’hui sous une petite cabane de toile, fragile et qui ne protège même pas de la pluie.
Le frère de Mme Jean est maçon, habite là aussi, dans une cabane, avec sa famille en attendant de pouvoir construire sa propre maison. Il peut se charger de la construction avec d’autres membres de la famille.
Il faudra quand même prévoir quelques manœuvres et un directeur des travaux. Une petite maison, même si elle n’est pas chère, peut être construite correctement et avec des normes de sécurité.
Le toit en tôle simplifie le caractère antisismique de la construction, mais il faudra prévoir des câbles pour assurer la maison contre les cyclones.
La famille s’est déjà chargée de creuser des fondations et de collecter des pierres pour leur construction.
A gauche, la maison du voisin. (Avec le moringa au fond et les arbres qu’il a plantés.) Nous avons partagé son plaisir à nous faire visiter sa maison et partagé son optimisme ! A droite, les tranchées sont déjà prêtes pour les fondations de l’habitation de la famille Jean.
Dans ce pays, le mot désespoir est inconnu, et c’est une belle leçon de vie. Quand on pense à ceux qui, chez nous, gaspillent ,consacrent leur vie à amasser toujours plus, n’ont pour mode de vie que l’égoïsme , trichent pour ne pas payer leurs impôts, et passent leur temps à se plaindre, on a un sentiment de révolte devant tant de bêtise et d’indifférence au sort des millions de gens qui tentent d’échapper à la misère et font preuve de tant de courage et de dignité..
Nous avons envoyé l’argent fin mars et les travaux vont commencer très vite. La saison des pluies arrive et ce sera plus difficile, si cela traîne trop....
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A bientôt Janita ! à bientôt petite Manora ! Tu auras bientôt une table et une chaise pour faire tes devoirs et inviter tes amies, un jardin plein de fleurs. Nous vous donnons rendez-vous dans votre nouvelle maison !