Projet agro-piscicole. Ecole Dumarsais Estimé. Verrettes. Le point aujourd’hui.

(actualisé le ) par Gérard

Pour voir toute l’histoire de ce projet, allez dans "Archives", plus bas dans cette même rubrique.
Le projet comprenait une adduction d’eau, à travers la ville de Verrettes, depuis un captage réalisé dans un canal secondaire du fleuve Artibonite, jusqu’à l’école. La canalisation alimente des bassins d’élevage de tilapias, une citerne construite avec ce projet, des jardins pédagogiques, et un poulailler immense construit par notre association.
Suite au séisme, les salles de classe fissurées étaient indisponibles et nécessitaient une nouvelle construction de trois salles de classe. En attendant que cette construction soit finie, la direction de l"école a décidé d’héberger trois classes dans la construction destinée à l’élevage de volailles. Le local est grand, bien aéré, frais, mais ce n’était pas sa destination finale ! Des problèmes de financement ont retardé la construction des salles de classe. Nous étions impatients de voir enfin des poules dans le poulailler ! et les personnels et les enfants aussi, car ce poulailler , comme l’élevage de poissons, améliorera la cantine de près de 500 élèves, qui souvent n’ont que ce repas par jour. En Haïti, la patience est une vertu !!!
Après presque 2 ans, les nouvelles salles de classe sont finies et ...
Voici où nous en sommes en juin 2013 :

Projet agro piscicole. Ecole Dumarsais Estimé. Verrettes. Artibonite. Haïti.

A la fin de son utilisation comme salle de classe, notre beau poulailler offrait une image de désolation ! Une image de fin d’année scolaire ! Heureusement tout a été vite rangé, les portes ont été posées et les petites réparations effectuées pour accueillir des poules pondeuses.

Un nouveau contrat concernant la dernière phase de ce projet a été signé par la direction de l’Ecole avec l’Association Enfants-Soleil Haïti, délégation de la Fédération Enfants-Soleil en Haïti. L’achat de cent poules pondeuses type Leghorn, adaptées à un élevage au sol a été effectué avec une subvention Enfants-Soleil. La capacité du poulailler est importante ; mais l’ingénieur qui suit le projet, conseille de faire un essai avec cent poules pour atteindre dans un an 300 pondeuses. Avant d’augmenter démesurément le nombre de poules, il faut étudier les conditions de cet élevage et les risques inhérents. Les poules pondent un œuf par jour.

Le poulailler dispose de deux espaces : l’un avec litière doté d’appareils de distribution de nourriture, permet d’avoir un espace d’alimentation et de ponte. L’autre espace, très grand, permet aux poules de se déplacer facilement.

Les premiers essais du matériel pour la distribution de nourriture et d’eau.
Des groupes d’élèves seront impliqués dans cet élevage. Le fumier sera utilisé dans les fosses à compost pour les jardins et l’élevage de tilapias.


Cette photo permet de voir en même temps les deux espaces. Cette configuration simplifie le nettoyage, donc satisfait aux conditions, primordiales, d’hygiène. Toutes les volailles, achetées à un éleveur spécialisé de la région, ont été vaccinées, et l’élevage sera suivi par l’ingénieur agronome Cléophat Jean Verna, qui a supervisé la mise en place de l’espace piscicole. Une aide a été fournie par notre association pour la nourriture des premiers mois. Cette nourriture sera peu à peu remplacée par des produits locaux, sous la surveillance de l’ingénieur.

Pédagogie. Rentabilité. Autonomie. Risques . Réplicabilité.

L’évaluation du projet ne se résume pas à la construction, la mise en place du poulailler et son peuplement en volailles. Durant les années qui viennent, les éléments d’information recueillis autour de ce projet pilote seront très utiles dans plusieurs domaines. Mais le projet s’inscrit dans la durée. (Les projets agricoles de l’association sont pour certains suivis depuis plus de 10 ans.)

 L’aspect pédagogique dont les responsables de l’école sont très préoccupés, est essentiel. Comme pour la pisciculture, il est possible, dans un futur proche, d’étendre le projet pour des élevages plus petits, pour les paysans pauvres du secteur. Les élèves, associés au programme, pourront acquérir des connaissances nécessaires pour aider leurs parents à mettre en place ces petits élevages. L’expérience de cette réalisation pilote sera utile de ce point de vue.
La rentabilité.
La nourriture industrielle est chère, mais si elle est remplacée par des produits locaux, moins onéreux, ceux-ci doivent être étudiés pour procurer des éléments nutritifs de même qualité. Les œufs offrent une possibilité de rentabilité intéressante : la plupart des œufs vendus sur les marchés des villes proviennent des élevages industriels de la République Dominicaine,ils n’offrent pas de garantie, ni de fraicheur, ni de qualité. Il n’est qu’à voir à la frontière, ces tap tap chargés d’oeufs qui passent des jours en plein soleil, et que les petites vendeuses qui les distribuent ensuite peuvent conserver dans de mauvaises conditions durant des jours et des jours, voire des semaines. L’aspect fraîcheur et traçabilité est très important, d’autant que ces œufs seront en partie utilisés à la cantine. Les ventes d’œufs doivent permettre non seulement d’améliorer les menus de la cantine, point essentiel, mais de générer quelques revenus pour acheter d’autres poules , petit à petit.
Il n’est pas possible pour le moment de chiffrer les ventes éventuelles d’œufs. Les 485 élèves de la cantine passent au premier plan des nécessités.
Poulets pour la viande.
A moyen terme, quelques coqs permettront de féconder les œufs et de donner naissance à des poulets qui apporteront une possibilité d’ajouter de la viande aux menus de la cantine, mais aussi de réaliser quelques ventes. Il faut un peu de temps pour mettre en place cet aspect du programme. Il faudra sans doute aussi imaginer une évolution du local.
Compost et jardins. 
Les excréments, qui seront importants en quantité et en qualité, enrichiront le compost, qui alimente en partie les poissons de l’élevage attenant. Les jardins en profiteront également. (ces jardins, comme l’élevage de poissons contribuent à l’amélioration des menus de la cantine ; l’école compte 485 élèves actuellement.La plupart sont des enfants de petits paysans du secteur. 
Autonomie. Risques.
Il n’est pas prévu d’ajouter des fonds à ce programme. Seuls le suivi et l’évaluation permanente sont prévus dans les années qui viennent. Les bénéficiaires devront gérer leur budget pour les achats de poules et de coqs, la nourriture, les frais de vaccination, le renouvellement de volailles etc. 
C’est un pari qui n’est pas forcément gagné à 100%. Cet élevage ne fonctionne pas comme un élevage industriel : les ventes de produits passeront après le ravitaillement de la cantine. La qualité des produits est un atout pour les ventes. Beaucoup d’acheteurs se méfient avec raison des produits dont ils ne connaissent pas l’origine. Le fait que l’école soit connue est un autre avantage, les ventes n’entreront pas dans les circuits des marchés ( la production est trop faible), les acheteurs pourront acheter ces produits directement sur place, l’école est au centre de la ville de Verrettes.
Une voie possible est de faire participer les élèves au ravitaillement en nourriture de l’élevage : « grain contre cantine » : chacun des élèves, qui sont pour la plupart fils de petits agriculteurs, pourrait apporter un peu de nourriture pour les poules, contre la participation à la cantine.
Les risques sanitaires doivent être aussi envisagés. Un pays tropical est un pays à risques. Le suivi par un ingénieur est un gage de réussite.