Les chiffres ne s’inventent pas. Nous empruntons dans ces pages quelques extraits et chiffres donnés par Jean Ziegler,rapporteur des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, dans son dernier livre : « L’empire de la Honte ». Editions Fayard », et des chiffres et réflexions avancés par Damien Millet et Eric Toussaint dans un article du Monde diplomatique de juillet 2005 : « Une « générosité » très médiatisée.. » Dans ses nombreux ouvrages Jean Ziegler a dénoncé sans cesse les disfonctionnements de notre planète, qui génèrent misère et souffrance pour la moitié de la population mondiale. ( Parmi les ouvrages les plus récents : « La Suisse lave plus blanc », « La Suisse l’or et les morts », « Les Seigneurs du crime : les nouvelles mafias contre la démocratie », « La faim dans le monde expliquée à mon fils », « Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent ») Jean Ziegler cite, dans l’introduction de son livre « L’Empire de la honte » une phrase d’Edmond Kaiser, fondateur de « Terre des Hommes ».
« Si l’on ouvrait la marmite du monde, sa clameur ferait reculer le ciel et la terre. Car ni la terre ni le ciel, ni aucun d’entre nous n’a vraiment mesuré l’envergure terrifiante du malheur des enfants, ni le poids des pouvoirs qui les broient . »
Dans « l’Empire de la Honte », Jean Ziegler montre les désastreuses conséquences du libéralisme sauvage et des politiques des pays riches et de leurs entreprises multinationales quant au développement des pays pauvres.
Quelques passages sont extraits de l’étude de Jean Germain « La fin d’un certain rêve américain ». Jean Germain y analyse les raisons du durcissement de la politique américaine face au reste du monde : la crise des valeurs qui frappe l’Amérique, la désinformation massive, les conséquences de l’endettement effréné des USA – état, entreprises et particuliers - , son isolement grandissant, la montée de l’antiaméricanisme dans le monde, ses visées hégémoniques, les guerres du pétrole et des autres richesses de la planète, les causes et conséquences de la guerre en Irak, la dictature du dollar, les caractéristiques du nouvel ordre mondial et ses conséquences. « L’Amérique n’a que des intérêts à défendre. Elle dément dans ses actes ce qu’elle clame en paroles ».
Quelques extraits proviennent de l’essai « Le Développement a-t-il un avenir »Attac. Ed. Mille et une Nuits.
Quelques autres des articles du Monde Diplomatique. Plusieurs chiffres sont tirés des rapports des rapports annuels du PNUD,(Programme des nations Unies pour le développement) d’autres des travaux de l’Association Green Peace.
De nombreux extraits proviennent du livre de Laurent de Bartillat et Simon Retallack « Stop » Editions du Seuil.
Laurent de Bartillat est photographe, auteur et réalisateur. Il a tourné plusieurs documentaires pour la télévision. Il est spécialiste de l’environnement. Simon Retallack est directeur éditorial de « The Ecologiste ». Il est également codirecteur de « Climat Initiatives Fund », un programme de subventions pour freiner le changement climatique. Il est associé au « International Forum of Globalozation ». Il a participé à de nombreux ouvrages sur la mondialisation : « Le procès de la mondialisation », « Alternatives to Economic Globalization : a Better World is Possible ».
Sur les OGM : des références et extraits sont empruntés à Robert Ali Brac de la Perrière et Franck Seuret : « Graines suspectes » Les aliments transgéniques, une menace pour les moins nantis.
Sur les potentialité de détournement des manipulations génétiques : le livre de Gilbert Achcar : « Le choc des barbaries » Editions 10-18
Des références Bibliographiques :
Les puissants :
Les 500 plus puissantes sociétés privées transcontinentales (multinationales) du monde (industrie, commerce, services, banques) contrôlent 52% du produit mondial brut : c’est à dire plus de la moitié de toutes les richesses produites en une année sur notre planète. Le ROE ( rendement des fonds propres) de ces sociétés a été de 15% par an depuis 2001 aux USA et de 12% en France. Leurs moyens financiers ne cessent d’augmenter.
Les 374 sociétés transcontinentales inventoriées par l’indice « Standard and Poor’s » détiennent aujourd’hui ensemble 555 milliards de dollars de réserve. Cette somme a doublé depuis 1999. (Microsoft possède a elle seule 60 milliards de dollars de réserves et la progression est de 1 milliard de dollars par mois) ces réserves dépassent largement les besoins en investissements.
Leur but est de continuer à s’emparer sans partage de toutes les richesses nécessaires au développement de 6 milliards et demi d’êtres humains sur la terre et de multiplier les profits générés par ces pillages et l’organisation de la dépendance des peuples et de la rareté des biens, qui broient chaque année des millions d’hommes, de femmes, d’enfants.
Il y avait, en 2003, 7,7 millions de personnes millionnaires en dollars, il y en a 500000 nouvelles chaque année…de plus en plus dans les pays pauvres ( surtout en Chine et en Inde).
Le nombre de millionnaires en dollars des 52 pays d’Afrique est aujourd’hui de 100000, mais leurs avoirs propres ont augmenté ( de 500 milliards de § en 2002 à 600 aujourd’hui). Les plus gros prédateurs des économies africaines, et d’autres pays pauvres, sont liés aux gouvernements de ces états et, souvent, à la corruption.
Le revenu des 1% les plus riches du monde est équivalent à celui des 57% les plus pauvres. Les revenus des 10% des habitants les plus riches des USA est équivalent à celui des 43% d’habitants les plus pauvres de la planète.(PNUD Programme des Nations Unies pour le développement Rapport 2002) Ce même organisme ajoute que « les inégalités à l’échelle de la planète ont atteint un niveau grotesque ». N’oublions pas que, dans le revenu par habitant d’un pays, on compte aussi celui des riches…qui profitent du système pour accaparer des richesses considérables…dans les pays pauvres inclusivement. Ainsi, quand on parle de la progression du revenu par habitant de l’Inde, on a l’impression que ce sont les revenus de tous les habitants qui ont progressé : il n’est est rien : ce sont les plus grandes fortunes qui font évoluer essentiellement ces chiffres.
C’est l’Afrique subsaharienne qui voit le plus se creuser ces écarts. Le revenu par habitant était 6 fois inférieur à celui des pays de l’OCDE ( Organisme de coopération et de développement économique qui regroupe les pays les plus riches) il est aujourd’hui 40 fois inférieur.
Les plus pauvres
4,8 milliards d’êtres humains vivent aujourd’hui dans des pays du tiers monde.
10 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de sous alimentation, d’épidémies, de pollution de l’air et de l’eau, de l’insalubrité de leurs lieux de vie. 50% de ces décès interviennent dans les 6 pays les plus pauvres de la planète. (Haïti en fait malheureusement partie.)
42% des pays du sud déplorent 90% des victimes. Les femmes et les enfants sont les premières victimes de ce désastre humain.
1,2 milliard d’êtres humains vivent aujourd’hui dans le dénuement le plus extrême. (Moins d’un dollar par jour), c’est à dire 1 habitant de la planète sur 5, dont les deux tiers sont des femmes, et 325 millions d’enfants d’âge scolaire sont totalement exclus de l’éducation, des soins médicaux. 514000 femmes meurent chaque année de leur grossesse ou de leur accouchement faute de soins…
1,1 milliard d’habitants de la planète ne disposent pas de l’eau potable. 2,4 milliards ne disposent pas d’équipement sanitaire.
900 millions sont analphabètes, mais, les carences dans l’instruction de quelques milliards de plus ne leur permettront jamais d’être des citoyens à part entière, d’évoluer ou de choisir leur vie.
Mais 1% des habitants les plus riches gagnent autant d’argent que 57% des habitants les plus pauvres sur la terre. 122 pays concentrent 85% de la population mondiale, mais leur part dans le commerce international n’est que de 25%.
Au rythme actuel, affirmait le PNUD en 2003, il faudrait 130 ans pour éliminer la faim dans le monde.
Le nombre de personnes vivant avec le VIH V.I.H. continue d’augmenter : de 35 millions en 2001 à 38 millions en 2003. Les tri-thérapies et la prévention n’existent en gros que pour les riches.
Des maladies que l’ont peut guérir ont tué en 2004 , 12 millions de personnes des pays du sud.
Pour 86 des 191 membres de l’ONU, les produits agricoles représentent l’essentiel de leurs recettes à l’exportation. Mais le pouvoir d’achat de ces produits n’est que d’un tiers de ce qu’il était il y a 40 ans.
En 1964 , la dette Les Dettes. Un handicap terrible pour les plus pauvres extérieure cumulée des 122 pays les plus pauvres s’élevait à 54 milliards de dollars. Elle est de plus de 2500 milliards aujourd’hui.
La part dans le commerce mondial des 42 pays les plus pauvres a été divisée par trois dans les 40 dernières années. (Elle était de 1,7% en 1970, elle est aujourd’hui de 0,6%) .( Sources PNUD, UNICEF, ATTAC)
« Les derniers barrages de la civilisation, dit J. Ziegler, menacent de céder. Le droit international est à l’agonie. La barbarie progresse à pas de géants. Bien des théories et des idéologies de pacotille obscurcissent la conscience des hommes et des femmes de bonne volonté en occident. Du coup, beaucoup, parmi eux, tiennent l’ordre cannibale du monde pour immuable. » Ce qui veut dire que, nous, les habitants des pays nantis…et les riches des pays pauvres, à force de manipulations d’opinions et de mensonges, à force de désinformation, finissons par considérer que le fait que la moitié du monde vive dans la misère est un phénomène normal, inéluctable, « endémique » et que les lois actuelles du marché, elles aussi inéluctables, n’y sont pas pour grand chose.
Si la mondialisation est effectivement un fait incontournable, c’est à dire l’interdépendance entre les états, les économies, les hommes, cependant, il n’est pas inéluctable de soumettre le monde entier à des choix politiques, économiques qui ont des conséquences si terrible pour les plus faibles.
Cela fait plus de 50 ans que l’on nous affirme que le néolibéralisme total finira par éradiquer la misère, cependant que le fossé entre les riches, toujours plus riches, et les pauvres, qui souffrent, se creuse. La violence structurelle qu’imposent les sociétés capitalistes, comme elles se développent aujourd’hui, génère une misère toujours plus grande et une part évidente des barbaries diverses qui ajoutent leurs morts à ceux de la faim.
La financiarisation de l’économie implique ces orientations.
« Aujourd’hui, l’exercice de la violence extrême s’est faite culture. Elle règne en maître et en permanence. Elle est le mode d’expression ordinaire – idéologique, militaire, économique, politique- des féodalités capitalistes. Elle habite l’ordre du monde ».( J. Ziegler) Nous assistons à une reféodalisation du monde » : les nouveaux seigneurs sont les détenteurs de capitaux, les nouveaux esclaves sont à travers les sous-traitants des pays à main d’oeuvre bon marché, les travailleurs exploités, ou les miséreux, le reste du monde est un ensemble de consommateurs, qu’il serait intéressant de conditionner...
Ces disparités et les dégradations des conditions environnementales se traduisent inévitablement par des instabilités à l’intérieur des pays et des tensions internationales. De fait, aujourd’hui, c’est l’idée même du droit international , le respect des droits universels de la personne , économiques, sociaux et culturels, qui est remise en cause. Le droit international, tenant compte des valeurs humaines, perd du terrain par rapport à la mondialisation commerciale et financière, encouragée par les firmes multinationales, soutenue par les gouvernements des pays riches et les institutions financières internationales et orchestré par l’Organisation Mondiale du Commerce.
L’urgence :
Le monde n’a jamais produit autant de richesses qu’aujourd’hui.
Dépenses militaires mondiales en une année : 780 milliards de dollars en 2000, plus de 1000 milliards de dollars en 2004 .( Guerre en Irak : 4,8 milliards de dollars par mois !)
Et pourtant : pour que le monde devienne humain il faudrait ( Présenté plus complètement sous forme de tableau dans le livre de J. Ziegler, qui reprend simplement le panneau surplombant la galerie des visiteurs à l’entrée de la salle du conseil de sécurité au premier étage de l’immeuble de l’ONU à New York. Ce panneau en forme de pyramide inversée date de 2000))
Que coûterait par an un réel effort pour juguler la misère ?
Eliminer les dettes des 49 pays les plus pauvres : 30 milliards de dollars.
Développer les énergies alternatives : 50 milliards.
Lutter contre l’érosion des sols : 24 milliards
Vacciner les populations contre les épidémies ( y compris la tri-thérapie contre le sida) 19 milliards.
Eliminer les bidonvilles : 20 milliards.
Eliminer la sous-alimentation : 19 milliards
Stabiliser la population mondiale : 10 milliards.
Permettre l’accès de tous à l’eau potable : 19 milliards.
Combattre le réchauffement de planète : 8 milliards
Démanteler les systèmes d’armement nucléaire : 7 milliards
Arrêter la déforestation Les forêts, c’est la vie : 7 milliards
Sauvegarder la couche d’ozone : 5 milliards.
Réinstaller les réfugiés : 5 milliards
Eliminer l’analphabétisme : 5 milliards.
Eliminer les mines antipersonnel : 2 milliards.
Soit en tout quelques milliards de dollars….sans compter quelques autres dépenses mentionnées sur le tableau…mais sans un changement radical de la politique mondiale, tout ceci ne serait qu’une anesthésie et pas une guérison de cette humiliante maladie de la terre. Car il s’agit bien d’abord, en instaurant une justice planétaire, de redonner la dignité à ces millions d’humiliés, pour qui la paix, la vie n’ont plus guère de sens. On comprend bien comment l’action de quelques ONG et autres organismes dépendant directement de l’ONU, s’inscrit dans cette politique d’anesthésie ponctuelle des plus grandes douleurs : soient qu’elle courent après les catastrophes dont bien peu sont naturelles, soient qu’elles tentent, sous la surveillance des gouvernements et des puissances de l’argent, de construire des actions qui n’ont de durable que le nom ; quand elles ne deviennent pas, malgré elles, des instruments de manipulation de l’opinion. La neutralité est une condition de leur existence, mais c’est aussi un leurre. Trop d’Associations se sont comme « installées dans ce métier », exploitant les images du misérabilisme…diffusant ces photos de milliers d’enfants décharnés du Niger et d’ailleurs, sans s’associer clairement à l’effort des peuples, là où il commence à naître, pour que l’humanité commence à retrouver la raison. D’autres sont fortement impliquées par leur engagement.
Si donc les grandes puissances du monde, sans en être lésées aucunement, trouvaient la volonté, le courage, l’humanité nécessaire pour y consacrer ce prix dérisoire, la misère pourrait pratiquement disparaître et avec elle une grande partie de la violence.
Le PNUD estime à 80 milliards de dollars l’investissement pour que sur une période de dix ans on puisse permettre à tout être humain l’accès à l’éducation de base, la santé, la nourriture à l’eau potable.
Jean Ziegler termine son livre « L’Empire de la Honte » en citant Marat : « L’opinion est fondée sur l’ignorance, et l’ignorance favorise grandement le despotisme », et plus loin : « L’amour des hommes est la base de l’amour de la justice, car l’idée de juste ne se développe pas moins par le sentiment que par la raison ». Lors des grandes catastrophes, très médiatisées, le monde fait preuve de générosité, et des millions de dollars affluent, c’est sans doute nécessaire, mais les bons sentiments ne suffisent plus. Il s’agit désormais de devenir raisonnables, dans un monde devenu si petit et si vulnérable.
ONG. Aide au développement ou charité ?
La volonté d’associer les ONG à la « bonne gouvernance », c’est à dire à la mondialisation libérale intégrale, ressemble plus à la mise en place d’interventions pour combler les risques d’instabilité sociale induits par ces politiques qu’à une véritable prise en compte de la société civile dans son action de développement. « Contrôler et canaliser les pratiques sociales, écrit Attac, et les initiatives populaires d’organisation collective de la survie. Humaniser la mondialisation… »
La famine qui tue des milliers d’enfants en ce moment au Niger était prévue depuis qu’en 2004 les nuages de criquets avaient détruit presque toutes les récoltes. A quelques heures d’avion de chez nous, pour un prix équivalent à quelques minutes du budget mondial annuel de l’armement, dans un pays qui est l’un de nos principaux fournisseurs d’Uranium ( Firme française Areva : 100 millions d’€ de chiffre d’Affaire dans les deux mines exploitées. Don de 250000€ soit le prix d’une petite maison en France, pour sauver des centaines de milliers d’habitants). Les pays riches n’ont rien fait. Les ONG comme d’habitude courent après la catastrophe, toujours en retard, avec plus ou moins d’efficacité, de plus en plus dépendantes des états, avec leurs choix politiques, eux mêmes dépendants des multinationales, avec leurs choix stratégiques (pays riches comme pauvres) et des corrompus, pour mettre en place leurs actions, avec en prime le tapage médiatique aussi désolant et opportuniste que gaspilleur d’argent.
Les pauvretés, économique, sociale, culturelle, ne cessent de gagner du terrain, menaçant de mettre définitivement en marge de humanité une moitié des habitants du globe. Changer ce monde est peut-être une utopie, à court terme, mais continuer ainsi induit bel et bien une réalité : celle de catastrophes humanitaires, de guerres, de terrorisme…
La mise en place dans le monde entier d’un marché mondial unifié consacrant le pouvoir d’une finance toute puissante ( financiarisation ) dont les règles sont établies au profit des grandes puissances et de leurs entreprises multinationales, impose aux pauvres des dettes vertigineuses et les plans inhumains d’ajustement structurel. (PAS) Il s’agit de les faire entrer de force dans le marché unique, avec ses règles actuelles. L’action à long terme des ONG ne peut pas sans contradiction s’inscrire dans ce système.
Cependant, le pays le plus endetté du monde est l’Amérique. Pour maintenir son niveau de vie, l’Amérique doit emprunter 3 milliards de dollars par jour ! « Les notions de déficit budgétaire et surtout d’accélération de celui-ci, sont des principes que les USA s’autorisent pour eux-mêmes et interdisent aux autres pays, en particulier au tiers monde. Les dettes des pays européens sont aussi énormes, en vertu des mêmes nécessités économiques. Par l’intermédiaire de la banque mondiales et du FMI qu’ils contrôlent de fait, l’Amérique et ses satellites, exigent des autres une discipline budgétaire austère (Plan d’Ajustement structurel) dont les conséquences se traduisent trop souvent par une baisse réelle du niveau de vie de la population locale » (Alain germain (Crises : La fin d’un certain rêve américain » Pour un pays pauvre, endetté, dans le contexte de la mondialisation néo-libérale, se soumettre à cette discipline n’est rien d’autre que l’abandon de tout progrès du système social qui prenait en compte d’autres valeurs que l’argent, c’est le plus souvent l’enfoncement dans la misère.
Les politiques libérales, ( tout comme, à d’autres fins, les dictatures communistes de la fin du siècle dernier) avec pour but la seule domination du monde et la recherche du profit, imposées à une grande partie des pays du monde contribuent à polluer la planète, augmenter dramatiquement le réchauffement climatique, à épuiser les énergies renouvelables et toutes les ressources de la terre, menacent les conditions de vie, et mettent l’avenir de l’humanité en danger. Ce sont les pauvres qui en sont d’abord les victimes, et parmi les pauvres, avant tout, les femmes et les enfants.. L’ ONU L’O.N.U. - Repères, à travers son « Programme des Nations Unies pour le Développement » (PNUD) avait réussi à faire adopter par la communauté internationale ( Rio de Janeiro 1992) l’objectif de développement durable. Celui-ci tentait de concilier trois objectifs primordiaux : réduire la pauvreté (la réduire de moitié à l’échéance de 2015), préserver les écosystèmes, établir une croissance, cette dernière étant, malheureusement, dans une optique proche du libéralisme, considérée comme la condition des deux premiers. Nous en sommes loin. Il devient évident que la croissance dans un système ultra-capitaliste dont l’unique objectif est le profit de quelques uns ne pourra pas contribuer à un développement raisonnable au profit de tous les habitants de la planète. Des millions de victimes de ce système nous le démontrent chaque année. La croissance, telle qu’elle est, est-elle capable d’assurer le développement et de contribuer à diminuer la pauvreté ? L’aide au développement suffit-elle à générer un réel essor des pays les plus pauvres ?
Ces chiffres tiennent évidemment compte du mode calcul dénoncé ci-dessus. Ils datent de 1991. Ils ont beaucoup diminué depuis. D’autre part, lorsque l’Occident parle de développement, il s’agit de permettre aux pays pauvres d’imiter le modèle occidental, et en particulier le modèle de développement américain, ce qui représente un danger autant pour la diversité des cultures et des modes de vie que pour la planète. Que se passera-t-il quand la Chine et l’Inde, par habitant, utiliseront les ressources naturelles non renouvelables comme les USA actuellement et pollueront autant que les pays riches ont pollué au cours du siècle dernier ?
Les petits paysans au cœur de la crise.
Si le nombre de personnes sous alimentées avait eu tendance à diminuer dans les années 90, celui- a de nouveau augmenté depuis : cette détérioration dit la FAO ( Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation) « s’explique en grande partie par la libéralisation des échanges agricoles internationaux et la pénétration des capitaux dans l’agriculture » qui ont conduit à la baisse des prix agricoles, préjudiciable aux petits paysans, chassés de leurs terres par les gros propriétaires, étouffés par la concurrence, la spéculation…Des millions de petits paysans se retrouvent dans les bidonvilles des grandes métropoles des pays pauvres du monde, mais aussi dans celles des pays émergents. Les ONG n’y peuvent rien, sinon tenter d’atténuer ponctuellement, ici ou là, la misère.
La terre en danger.
Sans la mise en œuvre rapide d’un autre type de développement considérant l’homme et son avenir sur la terre, et non le profit immédiat des plus nantis comme seul objectif, nous entrons aussi dans une impasse écologique L’Impasse écologique.
¤ Epuisement des ressources naturelles ( Pétrole, gaz naturel, charbon…) sans autre véritable programme de substitution.
¤ Epuisement des ressources des océans Les forêts, c’est la vie.( Poisson) Pêcheries industrielles surexploitées. Pollution.
¤ Déforestation Les forêts, c’est la vie. Mise en danger de la diversité biologique.
¤ Pollution de l’air. Détérioration de la couche d’Ozone.
¤ Epuisement des sols Terre des hommes. Le sol sacrifié
¤ Problèmes d’insuffisance d’eau.
¤ Dégradation de la qualité de l’eau. ( Eau potable, fleuves, littoraux…) Agriculture intensive, marées noires, rejets des villes…déchets industriels. L’Unesco estime que 7 milliard de personnes pourraient en 2050 souffrir du manque d’eau. (Hypothèse pessimiste…) Convoité par les firmes multinationales, le marché de l’eau est évalué à 1000 milliards de dollars !
¤ Disparition de milliers d’espèces animales.
¤ Réchauffement climatique ( dû à l’effet de serre) ( 8 milliards de tonnes par an d’équivalent carbone rejetées dans l’atmosphère, alors qu’il faudrait réduire à 1 milliard pour stabiliser seulement la situation actuelle), avec ses corollaires : élévation du niveau des océans, disparition de zones côtières, perturbation des régimes de pluies et des courants océaniques, désertifications , inondations…perte de production alimentaire. Outre le CO2, le méthane ( gaz à effet de serre) a vu sa concentration augmenter de 145% !
Le 11 décembre 1997 à Kyoto, au Japon, les pays signataires de la Convention sur les changements climatiques ont adopté un document, le protocole de Kyoto, organisant la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre après l’an 2000. Les pays industrialisés s’y engagent à réduire leurs émissions de CO2, CH4, N2O, HFC, PFC et SF6 dans la période 2008 - 2012, d’un peu plus de 5% en moyenne, par rapport à 1990 : 8% pour l’Union européenne et la plupart des pays d’Europe centrale et orientale, 7% pour les États-Unis, 6% pour le Japon, le Canada, la Hongrie et la Pologne, 0% pour la Russie, l’Ukraine et la Nouvelle-Zélande. La Norvège, l’Islande et l’Australie ont obtenu le droit d’augmenter leurs émissions.
Nous le savons avec certitude aujourd’hui, les pollutions générées par les pays industrialisés en particulier génèrent directement les famines de l’Afrique sahélienne. Il ne s’agit plus là de notre comportement envers le Sud, mais directement d’une raison climatique aujourd’hui mise en évidence et de catastrophes annoncées qui ne menacent pas seulement l’Afrique.
Violences institutionnelles et terreur.
Dans son livre « Le choc des barbaries » Ed 10-18, Gilbert Achcar écrit :
« L’arme biologique offre des potentialités létales et terrorisantes incomparablement plus importantes que l’arme chimique, des potentialités que ne pourra jamais égaler l’ingéniosité meurtrière, qui, avec des cutters pour toute arme a transformé des avions de ligne en missiles incendiaires géants »
Non contents de s’approprier les ressources de la planète à seule fin de réaliser des profits, un petit groupe de multinationales avec l’aides des mêmes organisations trans-gouvernementales, est sur le chemin de la privatisation du vivant.
Extrait du texte d’Arnaud Apoteker repris dans le livre « Graines suspectes »
« La vie devient de plus en plus une invention, que l’on va breveter comme n’importe quel procédé mécanique. Les entreprises de biotechnologie se ruent sur les brevets sur le vivant, des microorganismes aux plantes, aux animaux, voire aux lignées de cellules humaines, malgré la plupart des législations nationales qui excluaient la brevetabilité du vivant. L’Organisation mondiale du Commerce et les USA, au secours des multinationales, sont en train d’imposer au reste du monde une vision des brevets qui donnera à une poignée d’entreprises un quasi-monopole sur les ressources génétiques, en limitant considérablement l’accès aux paysans qui en ont pourtant été les gardiens pendant des millénaires »