Appropriation du vivant

(actualisé le ) par christian

Les données de ces pages sont en particulier extraites du livre de Robert Ali Brac de la Perrière et Franck Seuret « Graines suspectes. » Les aliments transgéniques : une menace pour le vivant.(coll. Enjeux planète) Et du livre de Laurent de Bartillat « Stop » Ed.Seuil.

Dans les pages364 à 387 de livre « Stop » vous trouverez, facilement accessible à tous ceux qui comme nous s’interrogent sans être des spécialistes ou des scientifiques, des documents et réflexions essentiels pour comprendre comment les OGM, dont nous savons très peu, peuvent nous conduire à des pollutions irréversibles pour l’environnement et sont un danger potentiel pour les plantes, la faune, la biodiversité et finalement les humains. Le mirage qu’elles constituent. Les interrogations sur ces techniques qu’on dit au service de l’humanité et dont on affirme qu’elle contribueront à éradiquer la misère. Des interrogations sur le futur des plantes transgéniques. Les pratiques des multinationales agroalimentaires et agrochimiques. Le vol des gènes grâce à des dépôts de brevet sur le vivant. Des articles de savants sur ce sujet. Les actions possibles des états et des citoyens.

Les grandes multinationales de l’agroalimentaire et de l’agrochimie déposent des brevet sur le vivant comme sur n’importe quelle innovation technologique.

Le but  : accaparer le patrimoine végétal ( animal peut-être un jour) de l’humanité. Mettre sur le marché des semences OGM, coûteuses pour les paysans, donc génératrices de profits, d’autant que les agriculteurs n’ont ni le droit ( ni le pouvoir) de conserver des graines pour les semences suivantes, de les croiser avec d’autres variétés.

Breveter ces nouvelles semences et réclamer des droits de propriété sur les découvertes végétales. Les végétaux existants, les micro-organismes, sont ainsi vite brevetés, génétiquement manipulés puis commercialisés sans tenir compte des principes de précaution.

Les acteurs  : les géants de l’agroalimentaire ( chimie, pharmacie…) Monsanto Aventis. Syngeta. Dupont et Dow Agrosciences. (Ils contrôlent avec leurs nombreuses filiales à peu près 100% du marché des semences transgéniques.)

Extrait du texte d’Arnaud Apoteker repris dans le livre « Graines suspectes »)

« Le vie devient de plus en plus une invention, que l’on va breveter comme n’importe quel procédé mécanique. Les entreprises de biotechnologie se ruent sur les brevets sur le vivant, des microorganismes aux plantes, aux animaux, voire aux lignées de cellules humaines, malgré la plupart des législations nationales qui excluaient la « brevetabilité » du vivant. L’Organisation mondiale du Commerce et les USA, au secours des multinationales, , sont en train d’imposer au reste du monde une vision des brevets qui donnera à une poignée d’entreprises un quasi-monopole sur les ressources génétiques, en limitant considérablement l’accès aux paysans qui en ont pourtant été les gardiens pendant des millénaires »

Le moyen  : il s’agit au cours d’opérations très complexes et très coûteuses en investissement, de modifier le patrimoine génétique des organismes vivants, pour leur attribuer de nouvelles propriétés : résistance à un insecte prédateur, à des maladies, au stress climatique, capacité à augmenter la capacité nutritionnelle, à produire des molécules thérapeutiques rares. Pour ce faire, ce gène étranger est introduit dans un système vecteur qui le véhicule jusqu’à l’organisme receveur. Jusque là, depuis des millénaires, les plantes avaient toujours été améliorées par sélection naturelle ou par croisement d’espèces par les générations successives de paysans en fonction des climats, des terrains, des besoins, respectant ou enrichissant la biodiversité.

Le piège.

Une fois la plante transgénique brevetée, la firme propriétaire en commercialise les semences. ( elles sont censées donner plus de rendement ou résister à un prédateur…ou à un herbicide…Ce sont ces mêmes firmes, bien sûr, qui commercialisent les herbicides qu’il est obligatoire d’acheter pour ces cultures…de même pour les insecticides. Un paysan, ayant un certain pouvoir d’achat, cultivant ces plantes transgéniques devra donc tout acheter chez le même fournisseur dont il deviendra dépendant.)

Ces semences trop chères à l’achat ne sont évidemment pas à la portée des petits paysans du sud. Elles sont en outre trop gourmandes en pesticides et herbicides….très dangereux pour l’environnement, et nécessite une monoculture induatrialisée.

Les agriculteurs qui peuvent les acquérir sont souvent en difficulté quand ils ne possèdent pas de grandes surface agricoles, et cherchent par tous les moyens à sauver leur exploitation. Ils sont donc vulnérables au discours des vendeurs et font peu de cas des risques encourus, qu’ils ignorent le plus souvent. Les pays émergents ( Argentine Brésil et d’autres pays pauvres, moins strictement réglementés sont souvent ceux qui acceptent les expériences, sans tenir compte du principe de précaution)

Mais ils devront chaque année renouveler leur achat de semences : le vendeur leur interdisait de semer les graines récoltées sous peines de procès. D’autant que désormais les vendeurs (les fabricants de semences) peuvent rendrent ces graines stériles au moment de la première récolte.

Risques.

¤ Risques écologiques par dissémination des gènes.

Arnaud Apoteker.(Même source )

« Les plantes cultivées échangent par croisement spontanés, leurs gènes avec les variétés sauvages apparentées, qui souvent sont d’ailleurs de mauvaises herbes. Ainsi, les gènes étrangers d’autres espèces, voire d’autres règnes, d’animaux ou de bactéries, introduits dans des plantes cultivées, risquent fort de passer dans les variétés sauvages. Les conséquences peuvent être sérieuses pour l’environnement et la biodiversité. Un gène de résistance à un herbicide introduit dans du colza, peut se retrouver dans des mauvaises herbes que l’on veut combattre, les rendant invulnérables, et pourquoi pas invasives. Un gène de résistance à un insecte peut également se trouver dans les mauvaises herbes, favorisant ainsi son expansion dans le milieu et éliminant les autres espèces, perturbant également les équilibres écologiques au niveau des insectes butineurs »

¤ Risques de développement de prédateurs résistants.La nature s’adapte beaucoup plus vite qu’on ne le croyait. Les insectes nuisibles sont dans le passé très vite devenus résistants aux insecticides dont on a dû dans un premier temps augmenter les doses.

¤ Risque de disparition des savoirs, les agriculteurs, perdant leur rôle traditionnel de gardiens de la biodiversité. ( La valorisation du système traditionnel « homme terre ressource génétiques » est essentielle pour le développement agricole futur.

¤ Les paysans du sud n’achètent traditionnellement que 20% des semences. L‘impact sur leurs revenus, donc sur leur survie, risque d’être un désastre. La disparition des petits paysans est déjà pour des millions d’entre eux une triste réalité. Les bidonvilles en sont peulplés.

¤ Les paysans du Sud servent déjà de cobayes. Moins informés, plus vulnérables à cause de leur fragilité économique, ils s’en remettront plus facilement aux « marchands » de plantes transgéniques.

S’ils acceptent de louer leurs champs pour les expériences, ceux-ci leur seront rendus impropres à l’agriculture traditionnelle et à fortiori à l’agriculture biologique.

¤ Les paysans du Sud pourraient bien être à cour terme dépossédés de leurs cultures d’exportation.( Quinoa, cacao, huile de palme, …seront sans doute bientôt cultivées dans les serres du nord…) les prix s’écrouleront, la misère du Sud augmentera.

Pour les habitants des pays ou sévit la sous-alimentation, cette invention représente un danger mortel.

¤ Cette technique encourage la monoculture intensive, donc des millions de petits paysans deviendront des « sans terre ».

A terme se profile donc la menace d’une agriculture totalement sous contrôle, avec des paysans ( ceux qui restent…) réduits au rang de simples exécutants plantant des semences mises au point dans les laboratoires par des multinationales qui imposent leurs méthodes de culture et leur système de commercialisation.

Terminator. ( technologie Traitor ) Ce surnom désigne des semences dans lesquelles est introduit un gène qui, vers la fin de la croissance de la plante, stérilise les graines récoltées.

(Dans le livre « Graines suspectes » vous pourrez lire « comment ça marche ».P.52-53)

Il ne sera plus nécessaire , à très court terme, de faire des procès aux paysans : ils ne pourront plus désormais, grâce à cette technologie, prélever des semences sur leurs récoltes : elles seront stériles. Aucun intérêt pour les agriculteurs, tout bénéfice pour les firmes agroalimentaires.

Le gros problème de l’information est que la plupart des gens s’en réfèrent aux paroles des experts, mais plus souvent encore aux publicités des semenciers eux-mêmes, présentées sous une forme rassurante ( Monsanto démontre que les plantes transgéniques sont écologiques et sauveront le monde de la misère).

Les auteurs du livre « Graines suspectes » reprennent un extrait de l’article de Pierre Berlean paru dans le Monde Diplomatique :

« Terminator est seulement l’aboutissement d’un long processus de confiscation du vivant entamé dès le moment où l’hérédité biologique commence à prendre la forme d’une marchandise.[…] Le citoyen, anesthésié par 20 ans de propagande néolibérale, est conditionné à attendre de la science et de la technique, la solution aux grand problèmes politiques de notre société, pendant que les politiques, eux, se contentent de gérer. Enfin, les modestes maisons de sélection ont laissé leur place à un puissant complexe génético-industriel qui étend ses ramifications jusqu’au cœur de la recherche publique. Terminator révèle simplement que ce complexe se sent maintenant assez puissant pour ne plus avoir à dissimuler son exigence de confiscation du vivant. »

Risques liés à « Terminator » :

¤ Contamination des plantations de variétés traditionnelles.(stérilisation par pollinisation)

( Les entreprises présentent ce gène comme éliminant le risque de dissémination des plantes génétiquement modifiées…)

¤ Une toxine (tétracycline) est utilisée pour inhiber la germination de la seconde génération….quels seront les effets de cette toxine sur les sols, les plantes, les animaux… ?

Les condamnations concernant Terminator sont quasi unanimes dans le monde. Cette technologie n’est donc pas encore mise sur le marché. Les pays pauvres sont aux premières loges dans cette lutte : ils seront les grands perdants, car le sud possède des milliers de plantes visées par ces techniques.

¤ Possibilité de mettre en sommeil des gènes dans une plante et de la réveiller au moyen d’un catalyseur chimique !

Pour faire des profits immédiats, ces firmes utilisent des technologies qui comportent des risques sanitaires et écologiques, dont les plus pauvres, une fois de plus, risquent de faire les frais. Les techniques du génie génétique bouleversent l’ordre de la nature en permettant de s’affranchir de la barrière des espèces. Un gène de chat peut être introduit dans une endive. Ce dont nous sommes bien incapables de prévoir les conséquences sur la santé et sur l’environnement.

Arnaud Apoteker.(Même source)

« Ce faisant, l’homme interfère de manière très directe dans le processus même de l’évolution. En effet, l’évolution, depuis que la vie existe sur terre, il y a trois ou quatre milliards d’années, a justement consisté à fabriquer des êtres vivants de plus en plus complexes, et qui se sont séparés au cours des temps, de façon à ne plus pouvoir se croiser sexuellement, c’est à dire échanger leurs gènes. C’est la « spéciation », la formation d’espèces, une des caractéristiques majeures de l’évolution. La transgénèse, en rendant perméables les barrières entre les espèces, en créant de nouveaux organismes inconnus de la nature, sans passé évolutif, sans prédateurs naturels, dont le comportement est imprévisible, représente une sorte d’évolution à l’envers »

Actuellement sont cultivés dans le monde des dizaines de millions d’hectares de plantes transgéniques. ( Coton, soja, maïs, pommes de terre, colza…) et elles sont déjà commercialisées un peu partout, sans que les citoyens en soient clairement informés.

La tentation du « biopouvoir »

Enfin, les manipulations génétiques peuvent devenir une arme redoutable au service de la barbarie.

(Voir le chapitre « Violence »)

Dans son livre « Le choc des barbaries » Ed 10-18, Gilbert Achcar écrit :

« L’arme biologique offre des potentialités létales et terrorisantes incomparablement plus importantes que l’arme chimique, des potentialités que ne pourra jamais égaler l’ingéniosité meurtrière, qui, avec des cutters pour toute arme a transformé des avions de ligne en missiles incendiaires géants »

Plus loin, reprenant une phrase du philosophe Michel Foucault (Il faut défendre la société)

« Elle apparaît lorsque la possibilité est techniquement et politiquement donnée à l’homme non seulement d’aménager la vie, mais de la faire proliférer, de fabriquer du vivant, de fabriquer du monstre, de fabriquer- à la limite- des virus incontrôlables et universellement destructeurs » .

On veut aujourd’hui interdire le nucléaire dans les pays qui jusque là ne pouvaient techniquement fabriquer des bombes, tout en possédant un arsenal capable de détruire plusieurs centaines de fois la planète. Qui pourra interdire, dans des milliers de laboratoires, même rudimentaires, disséminés dans le monde, aux barbares de tous poils de manipuler les gènes en dehors de tout principe éthique ou tout simplement pour tuer le plus de monde possible ? Il n’y aurait guère moyen de détecter cette arme, une très petite dose initiale pouvant permettre une culture.

« L’évolution non maîtrisée et non contrôlée de la biogénétique et de ses manipulations, dans un monde où la recherche du profit tient lieu de morale suprême, ne multiplie pas seulement les risques de catastrophes involontaires, mais laisse en plus augurer des pires catastrophes provoquées délibérément à des fins terroristes.

Il est possible en effet, d’accroître considérablement par manipulation génétique, la propriété qui confère aux armes biologiques une redoutable supériorité : celle d’être les seules armes capables d’entretenir par elle-mêmes leur prolifération, une fois lâchées en milieu adéquat. La dissémination des substances biologiques ne nécessite ni moyens sophistiqués, ni trésors d’ingéniosité. Agissant par inhalation ou ingestion,, elles peuvent être vaporisées par engins volants au-dessus d’une grande surface, ou par atomiseur dans un espace couvert, ou bien encore et selon leur nature ,introduites dans la distribution d’eau potable ou dans les produits alimentaires. » P. 140. Op cit.