Il ne semble pas qu’une solution soit possible dans un proche avenir. Que serait une intervention internationale décidée pour aider les forces de police d’Haïti, alors que l’ensemble du système est corrompu ?
Comment pourrait se dérouler l’intervention alors que les gangs tiennent des quartiers entiers et qu’ils sont surarmés ?
La plupart des habitants n’ont qu’une solution : tenter de quitter le pays, alors que les expulsions sont de plus en plus fréquentes et violentes depuis la République Dominicaine.
Nous ne voyons pas hélas le bout du tunnel.
Un article de José Flecher.
L’on est à l’entrée de Cité L’Éternel ; à quelques mètres, c’est la galère. L’eau et des détritus charriés par le canal Sainte-Bernadette envahissent la route. Certaines maisons ne sont pas exemptées. Tout cela arrive tandis que le pays ne connaît pas encore de cyclone ni de tempête majeure au cours de l’année. La faute incombe aux autorités gouvernementales qui ne font rien pour curer les canaux et aux bandits armés qui sèment la terreur dans cette communauté.
Il faut se livrer à un véritable jeu de marelle pour atteindre sa maison. Depuis tantôt deux ans, vivre dans les quartiers se situant en aval de la sortie sud de la capitale constitue un calvaire. Les routes principales sont impraticables. Les corridors également. Personne n’a accès à son domicile sans affronter des eaux stagnantes et nauséabondes bourrées d’immondices.
Cette situation est devenue normale. Les gens commencent à s’y habituer. Aucune demande à l’aide de la part de la population. De toute façon, ce sont des territoires perdus, des quartiers abandonnés. Tout semble indiquer que la population accepte ce sort inhumain. Peut-elle agir autrement ? « Depuis deux ans, aucun canal de la troisième circonscription de Port-au-Prince n’est curé », témoigne un résident de Cité L’Eternel, un quartier entouré de plusieurs d’évacuation, canaux dont celui de la ruelle Art Plastique, de la cinquième avenue et de Sainte-Bernadette.
Le non-curage des canaux n’est pas la seule cause expliquant la situation de la zone. Car, ensemble les citoyens auraient pu mettre la main à la pâte afin d’évacuer l’eau et assainir leur zone. Les membres du gangs de Village- de-Dieu, pour fuir les opérations policières et pour mener leurs activités en toute quiétude, se frayent des voies de passage en aval des canaux d’évacuation empêchant ainsi la circulation des eaux jusqu’à la mer.
« Plusieurs digues ont été érigées par les bandits », poursuit le résident de Village-de-Dieu interrogé par le journal. Ses propos ont été repris par un autre habitant de Cité Plus, zone périphérique du Bicentenaire et limitrophe de Cité L’Eternel et de Village-de-Dieu.
« C’est une route digne de son nom que construit les caïds 5 Segond en aval des canaux », informe le locataire de Cité Plus. On pourrait comprendre, poursuit-il, qu’ils construisent des ponts mais pas des digues de terre et de remblais obstruant la circulation de l’eau. Ainsi, les maisons des zones avoisinantes et les institutions de la zone sont constamment inondées.
C’est le cas de l’église la Prophétie et du Centre Gheskio, quelques rares institutions encore fonctionnelles au boulevard Harry Truman. Ces inondations entrainent de lourdes pertes du côté des habitants comme de celui des institutions. Les dommages touchent à la fois les groupes électrogènes, les serveurs et d’autre matériel important. Il a fallu plusieurs jours pour la reprise des activités au niveau de ces institutions suite à une inondation. La population, elle, est contrainte de cohabiter avec les eaux.
Ces zones susmentionnées ne sont pas les seules se trouvant dans cette situation. Les quartiers et les routes en amont de ces canaux n’échappent pas à cette dure réalité ; en témoigne la situation de Portail-Léogâne. Lors d’une conférence de presse tenue par plusieurs membres du gouvernement le 14 mars 2022, le ministre des Travaux publics, Transports et Communications (MTPTC) Rosemond Pradel n’avait pas jugé opportun de répondre à la question du journal sur la capacité et la volonté du gouvernement à nettoyer le quartier de Martissant et les zones avoisinantes. Entre-temps, la situation se dégrade de plus en plus. Les bandits mettent le paquet pour créer un environnement où ils peuvent vivre. Cependant la population, qui ne sait pas à quel saint se vouer, est obligée de survivre dans cette situation infrahumaine attendant que les autorités se réveillent et se souviennent qu’il y a de paisibles citoyens qui vivent dans « ces territoires perdus ».
Pour Lire l’article du Nouvelliste sur l’état des rues à Part aux Princes cliquez sur le lien.
La chasse aux Haïtiens se poursuit en République dominicaine
Le processus de rapatriement des ressortissants haïtiens en République dominicaine s’intensifie depuis l’annonce de la fermeture de la frontière Nord haïtiano-dominicaine par les autorités dominicaines en réaction à la poursuite des travaux de construction du canal d’irrigation sur la rivière Massacre devant contribuer à l’irrigation de la plaine du bas Maribaroux dans le Nord-Est.
Le processus de rapatriement des ressortissants haïtiens en République dominicaine s’intensifie depuis l’annonce de la fermeture de la frontière Nord haïtiano-dominicaine par les autorités dominicaines en réaction à la poursuite des travaux de construction du canal d’irrigation sur la rivière Massacre devant contribuer à l’irrigation de la plaine du bas Maribaroux dans le Nord-Est. L’administration du président Luis Abinader a refoulé, le vendredi 15 septembre 2023, des centaines d’Haïtiens.
La vague de déportation des ressortissants haïtiens prend de plus en plus forme en République voisine. Ce vendredi, la loi sur la migration dominicaine a été encore une fois mise en vigueur contre plusieurs centaines d’Haïtiens. Pris pour cible, les Haïtiens étaient nombreux sur la frontière nord haïtiano-dominicaine à Ouanaminthe. Ils ont été remis aux responsables de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Ignorant les principes des relations diplomatiques avec Haïti, les traités, accords et engagements pouvant assurer le vivre ensemble entre les deux peuples, la République dominicaine, qui a récemment rejeté la demande du haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, sur la cessation de la déportation des citoyens haïtiens et de les favoriser l’asile en prenant en compte le respect des droits de l’homme, continue sa démarche à travers son actuel administration que dirige Luis Abinader, pour essayer de forcer les dirigeants haïtiens afin de bloquer la poursuite des travaux de construction du canal d’irrigation de la rivière Massacre entamés par les paysans du bas Maribaroux.
Déçus par la décision des autorités dominicaines, des enfants, des jeunes et des adultes ont été aperçus à la frontière haïtiano-dominicaine à Ouanaminthe. Des jeunes hommes refoulés annoncent déjà qu’ils vont s’impliquer dans la construction du canal sur la rivière Massacre afin de faciliter l’arrosage de la plaine du bas Maribaroux.
Une réaction possible de l’international.
Joe Biden a appelé mardi le Conseil de sécurité des Nations unies à "autoriser maintenant" l’envoi en Haïti d’une force internationale pour aider la police à lutter contre les gangs. "Le peuple d’Haïti ne peut pas attendre plus longtemps", a dit le président américain à la tribune de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU).
La violence des gangs qui contrôlent la majeure partie de la capitale de ce pays pauvre des Caraïbes et font régner la terreur a fait plus de 2 400 morts depuis le début de l’année, selon l’ONU.
Depuis près d’un an, le Premier ministre haïtien Ariel Henry et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres réclament l’envoi d’une force internationale pour aider la police dépassée par cette violence.
Mais au sein d’une communauté internationale échaudée par les expériences passées et les risques de s’embourber dans un bourbier meurtrier pendant des mois, aucun pays ne se portait volontaire pour prendre la tête de cette force de police.
Fin juillet, le Kenya a finalement annoncé être prêt à mener cette mission et à déployer 1 000 policiers.
La mission, dont les contours sont encore imprécis mais pour laquelle d’autres pays contributeurs sont attendus, attend désormais le feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU pour être mise sur pied, même si elle ne se ferait pas sous drapeau onusien.
Les négociations sur le mandat ont commencé début septembre entre les membres du Conseil, mais elles sont difficiles, selon des sources diplomatiques.
Ces derniers mois, plusieurs pays s’étaient montrés sceptiques sur l’opportunité d’une force, notamment la Chine, qui dispose d’un droit de veto et qui a insisté sur le besoin plutôt de juguler le trafic d’armes, croissant, depuis la Floride (sud des Etats-Unis) vers Haïti.
Un article du 25 septembre. journal le Nouvelliste.
Les gangs agrandissent leur territoire avec des attaques dans des lieux jsuque là un peu moins impactés, comme le Plateau Central et la région de Hinche.
Une attaque armée d’un gang fait une vingtaine de morts et de blessés à Saut d’Eau
Un article du journal haïtien le nouvelliste.
Des hommes armés de Canaan et de Titanyen ont attaqué la commune de Saut d’Eau, vendredi 22 septembre 2023 en début d’après-midi. Ils ont fait au moins neuf morts et plus d’une dizaine de blessés. Avisée d’un éventuel retour des bandits, la population a vidé la commune.
Par Wedster Lyvert
24 septembre 2023 | Lecture : 3 min
Des habitants de Saut-d’Eau plaqués au sol par des bandits
Les membres d’un gang ont frappé aux portes des Saudelais en début de week-end. Aux environs de 3 heures p.m., des hommes armés à bord de véhicules et de motocyclettes, ont envahi la commune. Ils ont assassiné neuf personnes et fait plus d’une dizaine de blessés, selon le premier bilan communiqué par le juge de paix Judes Smith.
La mairie, de son côté, a recensé 11 morts. « Les blessés ont été conduits à l’hôpital de Mirebalais pour recevoir les soins que nécessitent leur cas », a rapporté l’agent exécutif intérimaire de Saut d’Eau, Marie André Ruth Thelus, jointe par le Nouvelliste.
« Les blessés et les morts sont beaucoup plus nombreux que la quantité communiquée pour le moment », a-t-elle précisé, samedi 23 septembre, car certains blessés sont à couvert et il y a des morts qui ne sont pas encore déclarés.
Les hommes armés ont aussi pillé et brûlé les maisons des habitants, a confié Romuald Smith, l’ex-député de Saut d’Eau, au journal un peu plus tôt le samedi. 14 véhicules et plusieurs motocyclettes sont déclarés perdus, selon le juge de paix.
Les fauteurs de trouble proviendraient de Canaan et de Titanyen, deux localités situées à l’entrée Nord de Port-au-Prince. Ils n’ont rencontré aucune résistance sur leur chemin. Ils ont incendié le commissariat de Saut-d’Eau et emporté le seul véhicule de police en service dans la commune. Des riverains ont aperçu les policiers du commissariat abandonnant le poste de police à bord de motocyclettes, ont-ils rapporté à la mairesse. Deux équipes de cinq policiers, fonctionnant par relais, sont attachées à ce commissariat.
Les autorités locales et le délégué départemental ont alerté les autorités départementales de la police au début de l’attaque, s’est plaint l’ex-parlementaire. Les secours sont arrivés le lendemain peu après 8 heures.
« Ils nous ont promis d’envoyer des agents de l’Unité départementale de maintien de l’ordre. Ceux de Mirebalais qui sont à proximité devaient arriver les premiers avant l’arrivée des agents de Hinche en renfort. Mais les agents de Mirebalais, imbus de l’ampleur de l’attaque, ont préféré attendre en chemin les renforts. Nous nous sommes entretenus avec eux après le coucher du soleil. Ils ont dit qu’ils préfèrent attendre demain, faisant croire qu’il serait désastreux de mener une contre-offensive durant la nuit » s’est indigné Romuald Smith. « Les bandits ont eu le temps de mettre à exécution tout ce qu’ils voulaient faire », a-t-il déploré.
Cette attaque aurait été menée en représailles à l’arrestation d’individus qui seraient impliqués dans un kidnapping dans la matinée du vendredi 22 septembre, selon des commentaires rapportés par M. Smith. Si la mairesse a confirmé ces arrestations, elle croit que l’assaut est la manifestation de la volonté des bandits de contrôler tout le Plateau central. « Depuis décembre dernier, ils nourrissent l’idée de placer un chef à Saut-d’Eau. Ils souhaitent avoir accès à Savien, dans le département de l’Artibonite », a-t-elle souligné.
Les bandits ont levé le siège samedi matin avant le lever du soleil, a fait savoir Romuald Smith. Cependant, la menace d’un éventuel retour des hommes armés plane sur Saut d’Eau. La population, tout comme la première citoyenne de la commune, s’est mise à couvert.