Il est vital pour la nation haïtienne d’apporter éducation et formation aux jeunes filles les plus pauvres, qui, en tant que femmes et en tant qu’enfants, sont particulièrement vulnérables.
Les femmes jouent un rôle important dans le développement du pays, sur le plan économique global et sur le plan familial. Elles sont cependant souvent les plus pauvres parmi les pauvres.
Elles sont particulièrement impliquées dans le secteur informel dont elles représentent 50%, le secteur informel concerne les deux tiers de la population. Sur 100 femmes ayant une activité génératrice de revenus, 91 % dans les zones rurales, 33 % dans les zones urbaines, travaillent à leur compte. Elles sont souvent seules à subvenir aux besoins de la famille (nourriture, éducation des enfants, soins). Beaucoup d’entre elles élèvent seules de nombreux enfants.
Importance du niveau d’éducation.
Le niveau d’éducation a une grande influence dans tous les secteurs de la vie des femmes. L’éducation semble la voie royale pour que les femmes acquièrent des droits et une liberté en rapport avec les responsabilités qui leur incombent. La société haïtienne, de part sa culture, accorde plus d’importance à l’éducation des garçons qu’à celle des femmes.
Influence de l’éducation quant à la position économique qu’elles occupent : elles sont souvent confinées dans des emplois subalternes, voire des activités de domesticité, où elles sont exploitées.
Influence sur la mortalité maternelle et sur la mortalité infantile : les femmes sans instruction utilisent moins les services de planification familiale, et, sans instruction, ont en moyenne 6,1 enfants contre 4,8 pour les femmes ayant un niveau d’instruction primaire. Beaucoup moins pour les femmes ayant un niveau secondaire ou une vraie formation professionnelle. (2,5)
En Haïti, il n’y a pas de discrimination visible concernant les filles, quant à l’insertion dans le système scolaire. Cependant, quand les conditions économiques sont difficiles pour la famille, celles-ci sont les premières sacrifiées : elles représentent les 3/4 des restaveks ( placées dans des familles où elle sont exploitées). Elles sont moins nombreuses, pour les mêmes raisons à fréquenter l’école secondaire ou supérieure, bien que souvent elles aient des résultats scolaires meilleurs que les garçons.
De plus, le fait qu’elles soient le plus souvent employées à la maison pour seconder la mère, dans les familles nombreuses, nuit à leur scolarité. Nombre de filles cumulent les études et de véritables journées de travail quotidien.
Ceci conditionne évidemment leur insertion dans le secteur formel. Elles y sont d’ailleurs, à capacités et compétences égales, moins payées que les hommes.
A cause de la migration des hommes dans les pays étrangers, ou à l’inconstance et l’irresponsabilité des hommes, elles se retrouvent souvent seules pour nourrir la famille. S’ajoute à cela, la mortalité qui touche les hommes. (48% des familles monoparentales urbaines et 33% dans les zones rurales sont sous la responsabilité de femmes). Les femmes, de part la nature de leurs activités dans le secteur informel, travaillent plus longtemps que les hommes et ont des métiers pénibles (vendeuses de rues, cuisinières …).
Le chômage des femmes est supérieur à celui des hommes ( 65%)
Les femmes, l’éducation et la violence.
Sur le plan social et sexuel, la femme n’est protégée ni par la société ni par ses partenaires.
Les femmes accumulent les risques à cause d’une violence sociale qui en fait des citoyennes de seconde zone.
La prévalence de l’anémie varie entre 35 et 50% chez les femmes haïtiennes. Elles sont plus souvent que les hommes frappées par le cancer avant 45 ans.
L’accès aux services de l’accouchement fait défaut pour les plus pauvres, qui sont souvent les plus mal informées. La mortalité maternelle est, à Haïti, l’une des plus élevée du monde.
Les femmes subissent l’irresponsabilité des hommes, ou les fruits amers de leur ignorance quant aux risques des MST. Bien souvent, c’est le mari qui apporte le sida ou autres maladies dans le foyer. La séropositivité des femmes a été multipliée par 5 entre 1980 et nos jours, passant de 5 hommes pour une femme infectée à un homme pour une femme actuellement.Les difficultés sociales dues au séisme ont aggravé le problème.
Il en est de même pour la planification familiale (dont les besoins non satisfaits s’élèvent à 50% dans le pays, pour une utilisation réelle de moyens modernes de 22%) Les femmes non instruites, souvent les plus isolées socialement, n’y ont pas accès.
La culture haïtienne exerce une pression sur les femmes : « si je n’ai pas beaucoup d’enfants, je ne suis pas une vraie femme ». La valorisation de la procréation comme gage de féminité a des répercussions sur les difficultés familiales et sur les risques MST.
Une autre contrainte due à la culture est le manque de barrière morale quant à la fréquentation par des hommes mûrs de très jeunes filles( auxquelles ils apportent parfois les moyens de survivre ou d’aider leur famille à survivre). Ces pratiques s’apparentent à des viols institutionnels…le viol pur et simple étant lui-même fréquent, encouragé sans doute par le laxisme judiciaire ou l’impunité due à la corruption. La violence conjugale, la plupart du temps impunie, est fréquente.
Une discrimination porte l’homme à se sentir « le chef » de la femme. Chaque fois que celui-ci veut obtenir l’obéissance de celle-ci, il est porté à exercer une sorte de violence. Et cette inégalité est vécue dans la vie de tous les jours à travers l’institution sociale et la religion.
« Ainsi, en même temps que l’on dénombre une quantité considérable de brutalités en tous genres contre les femmes, les juges des tribunaux les ridiculisent, ne les écoutent pas, et vont jusqu’à les rendre responsables de ce qui leur arrive. Les coups administrés sur elles viennent s’ajouter aux viols quotidiens dont elles sont victimes. Ceux-ci s’intensifient en périodes de conflits… » Source Brigades de Paix Internationales. Sur 177 cas de viols portés devant les tribunaux en 2007 ( Chiffre dérisoire) Une seule condamnation pour le viol d’une fillette de 9 ans !
La pauvreté met nombre de femmes en situation de dépendance à l’égard des hommes.
Quelques chiffres :
Espérance de vie des femmes haïtiennes : 54 ans.
Analphabétisme parmi les femmes : 67,5%
Fillettes au travail entre 5 et 9 ans : 10%
Filles au travail entre 10 et 14 ans : 33%
Salaires des femmes à compétence égale comparé à celui des hommes : - 40%
Séropositivité : 15%, dont une partie est occasionnée pas les viols. 1% de témoignages de viols, contre 7,8% d’attaques sexuelles dénombrées par les unités médicales…peu fréquentées par les moins instruites…
Les femmes haïtiennes constituent une grande partie des prostituées non seulement sur le territoire, mais pour le tourisme sexuel de la république voisine.
La situation actuelle catastrophique ( pauvreté, manque de logement, promiscuité dans les camps souvent aux mains des gangs) est un facteur aggravant. de nombreuses jeunes filles sont contraintes de se prostituer, soit parce qu’elle sont en charge de leur famille, soit parce qu’elles ont un ou plusieurs enfants à nourrir.