L’école est cruciale pour l’avenir d’un pays, les autorités haïtiennes en sont conscientes, et tous les intervenants en Haïti le savent aussi.
Cependant, en Haïti, de très nombreux enfants ont faim en permanence ou souffrent de malnutrition. Comment étudier quand on a faim ? Les cantines représentent de gros investissements, mais tant que les familles ne sont pas sorties de la misère, elles sont essentielles et sauvent les enfants.
Après les activités des camps de vacances, qui se sont déroulés en juillet août 2014, financés par notre association, avec dans chaque établissement une centaine d’enfants , la rentrée s’est effectuée début septembre, à l’heure cette année, c’est la première fois depuis de nombreuses années. Faut-il y voir un signe que le pays va mieux ? Nous l’espérons.
En Haïti, l’école a la plupart du temps lieu de 7 ou 8 heures le matin jusqu’à 13 ou 14 heures. Dans certaines écoles les cours n’ont lieu que l’après-midi, c’est-à-dire sur des demi-journées seulement, surtout dans les écoles pauvres, qui sont les plus nombreuses. Avec tous les problèmes qui obligent parfois à fermer les établissements, (cyclones, événements sociaux, épidémies…ou nécessité pour les enfants de travailler pour aider les familles) les élèves bénéficient de peu d’heures de cours. Cela tient au fait que les professeurs, qui ne peuvent pas vivre de leur salaire, enseignent la plupart du temps dans deux établissements, ou exercent en même temps une autre activité.
D’autre part, l’enseignement est très mauvais, cela tient au manque de formation des enseignants, qui n’ont parfois aucun diplôme. Les vrais enseignants ont des salaires hors de portée pour les écoles pauvres. L’essentiel de l’enseignement consiste à rabâcher des formules que la plupart des enfants apprennent par cœur sans toujours les comprendre. Pour que cela change, il faudra des années et de nombreuses évolutions des cadres de l’Education Nationale haïtienne qui ne sont pas au niveau et pensent plus à s’enrichir qu’à améliorer l’éducation des enfants.
Image 1 : La cantine durant les mois de Juillet et août 2014, à l’école Massawist de Verrettes. (Photos Wista Cerfrère.Directrice)
Image 2:Cantine durant les camps de vacances Ecole Fraternité. Cité Soleil. (Photo Joseph Ostene Coordinateur)
Durant l’été, les écoles Enfants-Soleil proposent des activités culturelles et artistiques de vacances, des cours de révision et des repas pour les enfants. S’ils sont si nombreux, c’est qu’ils aiment l’école. Elle représente pour eux la seule chance de prétendre à une vie décente, mais aussi, le repas quotidien que souvent ils ne trouvent pas à la maison, est une motivation supplémentaire.
Image 3 : Les enfants, durant les vacances jouent, ou ont des activités pédagogiques. Chant, théâtre, musique etc.
Image 4 : Ils peuvent aussi réviser leur programme de l’année ou se remettre à niveau. Beaucoup d’enfants, à cause de la misère des familles, ou qui ne sont pas bien nourris, ont un retard scolaire important et de grandes difficultés.
Est-il acceptable qu’aujourd’hui, tant d’enfants ne puisse manger correctement, se soigner, étudier ?
De ce point de vue, l’aide à Haïti est un échec. Que sont devenus les millions qui soit disant ont été dépensés pour aider ce pays ? Les rapports donnent l’impression que les camps ont disparu, que les choses vont mieux, mais que sont devenus les habitants des camps ? Des cantines populaires ont été mises en place, c’est bien, beaucoup de gens sont dans la misère et vivent sans toit, mais elles ont été développées au détriment des cantines. Certes, les cantines populaires servent des électeurs alors que les enfants ne votent pas.
Les camps de vacances se sont bien déroulés à l’école Massawist à Verrettes et à l’école Fraternité de Cité Soleil. Mais il n’a pas été possible de faire un voyage à la mer, faute de fonds. Pourtant, ces sorties d’un jour sont très attendues des enfants, et sont toujours des journées inoubliables, qui leur permettent de sortir du milieu insalubre et violent qui est leur quotidien… dans lequel aucun de nous ne pourrait vivre.
Image 5 : Des bénévoles découpent les tissus pour chacun des 230 enfants de l’école Massawist. Les uniformes seront réalisés par des couturières locales.
Image 6 : Quelques élèves avec leur lot de tissu, financé par Enfants-Soleil.
Les difficultés à réaliser de nouveaux projets.
Le drame est que les grosses associations ou fondations financent les grosses associations, que généralement, les fonds collectés doivent être dépensé en trois années…mais pour aider un pays aussi dramatiquement touché par la catastrophe, et vu l’état général dans lequel il était avant même le séisme, il faut une ou deux décennie. Que sont devenus les grands projets d’aide au développement ? Malgré l’autosatisfaction de presque tous les intervenants, on a du mal à voir un vrai redémarrage du pays. Les petites associations qui sont sur place depuis longtemps ont de plus en plus de mal à financer des micro-projets proches du terrain. Les contraintes sont telles pour la présentation des dossiers que l’accès aux financements est souvent impossible. Alors, sans les parrains et marraines qui soutiennent des enfants et nos cantines, nous ne pourrions pas continuer à aider ces petits et leurs familles.
A Verrettes, au collège Massawist, comme à Cité Soleil, à l’école Fraternité, la rentrée a été normale, c’est déjà bien. De nouveaux uniformes ont été réalisés pour les enfants. C’est important, car beaucoup n’ont pas d’habits corrects pour l’école et ils ressentent de la honte, parfois ils n’ont même pas de chaussures. Les uniformes effacent pour le temps scolaire les inégalités sociales.
Cependant, deux salles de classe de l’école de Verrettes sont toujours couvertes de bâches. Il est très difficile de trouver des financements pour achever une construction. Nous l’avons expliqué : les structures ne sont pas assez fiables pour une couverture en dalle de béton. Il faut refaire le travail qui a été fait sans respecter les normes antisismiques. Il faut trouver 10000 euros pour terminer le travail, en construisant un étage.
A Cité Soleil, du matériel a été envoyé pour le démarrage du Ciné-club. Il manque le transformateur qui est parti avec le container des pères de Saint Jacques. Il ne devrait pas tarder. L’école travaille en partenariat avec l’Association Sakala, qui pourra profiter du matériel et qui possède le terrain de sport ; cette association amie a réalisé un jardin communautaire qui jouxte l’école. Les enfants y travaillent et apprennent des notions d’écologie, de préservation de l’environnement et d’horticulture, en même temps que les valeurs essentielles de l’échange et de la solidarité. Nous envoyons régulièrement des semences qui proviennent de France, de Madagascar ou de l’Ile de la Réunion pour le jardin botanique. Un projet a été présenté pour fermer le jardin avec un mur et pour les diverses formations destinée aux jeunes et à des adultes du quartier.
Nous avons aussi présenté un projet pour financer l’agrandissement de l’école, avec deux nouvelles salles de classe, mais nous n’avons pas encore de réponse.
Le club de musique continuera avec, sans aucun doute, le même succès que l’an dernier.
La baisse de l’Euro est aussi un nouveau handicap pour nous, car la gourde est instable et les banques en profitent pour proposer des taux de change très faibles.
Notre espoir est de trouver de nouveaux parrains et marraines. Merci à toutes et à tous de votre fidélité et de votre générosité. Merci à Annie qui gère les parrainages.Chaque mois il faut trier, répartir et envoyer les courriers des enfants et répondre aux nombreuses demandes des marraines et parrains, avec les transferts de fonds vers Haïti, c’est un travail énorme.