Une semaine en Haïti N° 1613 30 Août 2023

par Gérard

Les enfants des rues, un terrain fertile de recrutement pour les gangs armés

Le Centre d’accueil de Delmas 3 est abandonné depuis un certain temps. Les enfants sont retournés dans la rue et finissent le plus souvent avec une arme au service d’un gang armé. Mackentoch Dorsainvil, directeur de ce centre d’accueil laissé-pour-compte, critique les autorités qui ne font rien pour assurer le fonctionnement de l’institution.

Par Robenson Geffrard
05 septembre 2023 |
Le Nouvelliste

Mackentoch Dorsainvil ne sait pas où sont passés les enfants qui logeaient au centre d’accueil de Delmas 3. Il pense qu’ils sont retournés dans la rue. Sauf que dans les rues, on ne voit plus comme avant des enfants qui essuient les vitres des véhicules en échange de quelques gourdes.
« Le centre d’accueil de Delmas 3 est abandonné. Je n’y vais plus. Le centre est maintenant envahi par des déplacés qui s’étaient réfugiés avant sur la place Hugo Chavez. J’avais écrit au ministère des Affaires sociales pour demander le relogement de ces déplacés, mais rien n’a été fait », s’est plaint Mackentoch Dorsainvil dans une interview accordée ce mardi au Nouvelliste.
Monsieur Dorsainvil souligne que le centre d’accueil de Delmas 3 abrite maintenant des déplacés. Ce dernier a dit ne pas savoir qui gère actuellement le centre. « Cela fait longtemps que je ne me suis pas rendu dans le centre d’accueil. Les enfants qui l’ont laissé sont retournés dans la rue », a-t-il dit.
Interrogé sur le recrutement des enfants des rues par des gangs armés, Mackentoch Dorsainvil n’a pas souhaité commenter cet aspect. Il s’est contenté de souligner que les enfants sont retournés dans la rue.
Dans son rapport trimestriel (avril-juin 2023), le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) a souligné que le recrutement d’enfants par les gangs demeure particulièrement préoccupant. « En avril, le Service des droits de l’homme (SDH) du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) a pu s’entretenir avec des garçons associés aux gangs. Âgés de 15 à 17 ans, ils ont décrit en détail leur quotidien au sein des gangs, notamment leur participation dans la surveillance des environnements opérationnels des gangs, les enlèvements et les vols (y compris la façon dont ils ont tiré sur les personnes qui refusaient de coopérer) », selon le rapport.
« Certains garçons sont recrutés de force et menacés de représailles contre eux et leurs familles s’ils refusent de rejoindre les gangs. Cependant, le manque de perspectives socio-économiques, l’accès à une vie perçue comme plus attractive (argent et d’autres avantages matériels) et les difficultés pour suivre un cursus scolaire (beaucoup d’écoles ont fermé ou limité leurs activités en raison de la violence) sont les principales raisons qui expliquent l’incorporation des enfants au sein des gangs », a expliqué le BINUH.
Selon des membres de la Commission nationale de désarmement, démantèlement et de réinsertion (CNDDR), les bandits sont souvent en surnombre par rapport aux policiers lors des opérations. « Leur effectif a triplé depuis 2019 », ont-il dit au Nouvelliste, soulignant que bon nombre des membres des groupes armés sont des enfants et des adolescents.

La catastrophe annoncée : mal moral + mal naturel = mal absolu
Première république du Nouveau Monde qui s’est libérée du joug de l’esclavage en 1804, Haïti, avec la double dette, a connu de nombreuses crises qui « ont fait de chaque page de son histoire un tableau de misères, de ruines et de sang ».

Par Frantz Vérella
Le Nouvelliste
05 septembre 2023

Première république du Nouveau Monde qui s’est libérée du joug de l’esclavage en 1804, Haïti, avec la double dette, a connu de nombreuses crises qui « ont fait de chaque page de son histoire un tableau de misères, de ruines et de sang ». Ceci lui a valu d’être qualifié de pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental. Ainsi, depuis les trente dernières années, nous sommes entrés irréversiblement dans une ère qui pourrait conduire à l’autodestruction de cette nation, ce, à travers un cycle alternatif où se succèdent pêle-mêle : le mal moral incarné dans des politiques antinationales, et le mal naturel produit des séismes cyclones, et inondations. Nous sommes ainsi en face de deux mesures d’évaluation des risques et défis qui nous menacent et nous invitent à réfléchir sur la façon de penser le mal en Haïti : le mal moral lié aux élections et à la politique face au mal naturel lié aux désastres récurrents.
Le mal moral fait référence ici à la notion du mal radical chez Kant, à savoir, qu’il existe des actions, des comportements ou des intentions qui sont intrinsèquement mauvais sur le plan moral. Cela signifie que certaines actions seront considérées comme moralement condamnables, indépendamment des circonstances, par opposition à des actions moralement louables (voir à ce propos le conflit avec le « mal nécessaire » dans le film « Oppenheimer »,[1] Juillet 2023). En adaptant cette notion au contexte haïtien, nous nous proposons dans cet article, d’une part, d’analyser dans l’histoire de ces 30 dernières années en Haïti le mal moral dans le contexte de la classe politique haïtienne soumise aux diktats de ses donneurs d’ordre internationaux, et de l’autre, d’expliquer pourquoi le croisement du mal moral et du mal naturel peut aboutir à un mal absolu à même de provoquer l’effondrement de cette nation.
Aujourd’hui, sur une population totale de près de onze (11) millions d’habitants, 80% vivent dans la pauvreté[2] et 60% vivent d’après la Banque mondiale en dessous du seuil minimal de pauvreté absolue. Haïti, bien sûr, ce n’est pas le Liberia, ce n’est pas la Somalie, ce n’est pas le Soudan ; mais la situation qui prévaut ici s’apparente à plus d’un titre à ce que dans le jargon onusien on appelle une « entité chaotique ingouvernable » :
• des populations à la limite de la survie obligées d’épuiser les ressources rares de la terre et de la mer sans grand égard pour leur renouvellement ;
• des concentrations urbaines, contrôlées par des gangs qui dépouillent leurs territoires et paralysent les initiatives locales ;
• des inégalités sociales persistantes qui annihilent les chances d’épanouissement de la majeure partie de la population.
Des années de coups d’État successifs après 1986 ont détruit non seulement les fragiles infrastructures physiques du pays, mais ont surtout déchiré le tissu social. La société civile en est sortie écartelée. Le retour à l’ordre constitutionnel en 1994 n’a pas changé la situation. Les politiques mises en place ont abouti à la destruction systématique du dernier actif du peuple haïtien, le rêve, et ont de surcroît créé les conditions optimales pour le déclenchement d’une crise majeure plus grave que les coups d’État antérieurs.
L’élection d’un parlement et d’un nouveau président en 2006 annonçait la possible restauration de la gouvernance démocratique. Suite à ces élections, les conditions de sécurité s’étaient améliorées grâce à la police nationale, soutenue par 9,000 casques bleus de l’ONU. L’économie s’était stabilisée autour d’une croissance de 3.2% pour l’année 2007. Malheureusement, la flambée des prix des aliments et de l’essence sur le marché international a eu de rudes répercussions sur le pays, provoquant au début du mois d’avril 2008 des émeutes dites de la faim, qui ont conduit à la destitution, le 12 avril 2008, du Premier ministre Jacques-Édouard Alexis par le Sénat de la République.
En 2008, la saison des pluies, qui débute à la fin du mois d’août, fut particulièrement intense : quatre cyclones majeurs, Fay, Gustav, Hanna et Ike (FGHI) ont balayé Haïti sur une période de quatre semaines. Les dommages énormes qui ont suivi ont provoqué l’effondrement de multiples points stratégiques du système des transports, des destructions importantes des cultures ainsi que des pertes considérables dans le secteur de l’élevage. Selon la Direction de la Protection civile et le Bureau des Nations unies pour la Coordination des Affaires humanitaires (OCHA), 793 personnes y ont perdu la vie et 301 autres gravement ont été blessées. Le nombre de logements totalement détruits a été estimé à 11 000 et ceux qui l’ont été partiellement à 35 000. Si on prend en compte les données relatives à la situation avant les désastres, ainsi que celles de la planification du programme d’urgence, et si on y ajoute l’impact de la tempête Jeanne (septembre 2004), environ 850 000 à 1.000.000 de personnes ont été affectées à travers le pays par l’effet combiné de ces cyclones. D’après les chiffres communiqués par le gouvernement d’Haïti, 151 000 personnes ont été déplacées parmi lesquelles 111 000 ont été accueillies dans des abris provisoires à travers le pays. En termes d’impact économique, les cyclones FGHI passaient pour être, ensemble, le plus grand désastre évalué (se référant aux pertes et aux dommages) qu’a connu Haïti dans son histoire récente.
Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, sans commune mesure avec le désastre de 2008, notre représentation du mal a pris une autre dimension, et nous a incité à établir une corrélation avec le mal moral dérivé de la politique. En ce sens, cette catastrophe a complètement changé la donne, car ses effets ont été encore plus dévastateurs que les cyclones FGHI en raison, d’une part, de l’hypercentralisation autour de la « République de Port-au-Prince », et, de l’autre, des difficultés des autorités à venir rapidement au secours d’un peuple en détresse. Port-au-Prince, mégalopole haïtienne, abrite les 2/3 de la population urbaine du pays, résultat d’un développement déséquilibré et anarchique concentrant toutes les opportunités d’emploi dans ses alentours. Cette capitale (un immense bidonville) a vu partir plus de 600 000 personnes et a enregistré près de 250 000 morts.
Le bilan complémentaire :
• d’un côté, des pertes et dommages sans précédent (près de 40% du PIB) où pour la première fois dans l’histoire des tremblements de terre (depuis Lisbonne 1755) le centre névralgique d’un État et de ses institutions est détruit (« collapsed » dirait feu le président Préval) ;
• de l’autre, des défis importants à relever, aggravés par des fragilités d’ordre institutionnel et socio-économique intimement liées qui ont engendré la colère puis le chaos, car rien n’ayant été entrepris rapidement pour créer de l’emploi, assurer de meilleures conditions de vie aux personnes affectées et engager Haïti sur la voie de la reconstruction.
Suite à ce tremblement de terre, nous avons ainsi vécu dans l’ombre portée de deux catastrophes à venir (le futur désastre électoral et les désastres naturels récurrents) qui, mises en chaine, vont consolider la nouvelle occupation de ce pays. Nous sommes entrés sans retour possible dans une ère dont l’horizon est l’autodestruction de cette nation. Malheureusement, au lieu de déclarer solennellement comme Robespierre, le 9 Thermidor (27 juillet) 1794} : « La République est morte ! Les brigands triomphent », nous n’avons pas assez réfléchi sur la façon de penser le mal en Haïti. Le mal moral électoral en 2011 (un parlement et un exécutif composés de bandits de grand chemin), et le mal naturel (Goudougoudou 2010) se sont ligués contre le pays. Le séisme spectaculaire du 12 janvier aurait dû autant nous interpeller que le « séisme silencieux » du désastre électoral le 16 mai 2011. Après quelque chose qui ressemble un peu à un vote, nous avons élu « démocratiquement », avec la bénédiction et la complicité de l’international, celui-là même que la morale, la plus banalement rigoureuse et donc la plus sèche, s’interdirait d’installer comme président à la tête d’un pays traumatisé par un désastre majeur : le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Imaginez en 1945, après le mal moral hitlérien et la bombe atomique à Hiroshima « testée avec succès près de populations civiles à New Mexico » (NPR1), un général US « Hilariant » implémentant, en lieu et place de la reconstruction de l’Allemagne, des élections frauduleuses en vue de mettre au pouvoir une danseuse de cabaret, une alias Ti-Simone, se proclamant à la face du monde « fasciste légale » avec sous ses ordres un parlement composé des Willot, des Gracia, et d’Animaux politiques.
Dans cette conjoncture, nos élites farouchement en guerre contre l’intelligence n’ont jamais cessé depuis de s’enrichir scandaleusement. Mais jamais, elles n’en ont profité autant, avec cette intolérable arrogance propre à Olivier Nadal, arrogance que conforte la disparition de toutes les valeurs morales traditionnellement portées par les démocrates - une arrogance qui choque même les journalistes du New York Times qui les appelait en 1994 « the morally most repugnant elite ». En choisissant de manière adéquate comme Premier ministre (PM) de « l’état voyou » la figure par excellence du « gangster », ce président sans gêne, ordurier, incapable de se retenir pour ne pas faire ou dire n’importe quoi, a permis à la cohue combinée de la pègre, des petits boutiquiers de partout, des aventuriers capitalistes étrangers, des « blancs mannan » de faire main basse sur tout ce qui bouge, et de mettre ce pays en coupe réglée. Aujourd’hui, il faut le dire haut et fort : cet « État Voyou » que ce PM, vivant tranquillement aujourd’hui en Afrique, a renforcé, est l’incarnation objective de l’idée de corruption élevée à un niveau sans précédent dans notre histoire : une corruption à son stade suprême.
Après une année 2016 de transition entrecoupée de préparatifs électoraux, d’inondations et du cyclone Matthew (mais « est-ce que cela dérange » J. Privert), le nouveau président Jovenel Moïse est « choisi » et un professeur est appelé à la rescousse pour donner son opinion sur les élections du 9 août et du 25 octobre. Dommage qu’avant d’intervenir sur le sujet ce professeur de philosophie, pasteur de son état, n’ait pas médité ce proverbe anglais : « celui qui sait agit, celui qui ne sait pas enseigne ». Rappelant qu’il a troqué sa casquette d’enseignant contre celui d’homme d’action, et fait état de son engagement “démocratique”, le professeur salue le mâle courage du CEP qui a organisé, dans des conditions difficiles, des élections « entachées » d’irrégularités. Puis, l’homme d‘Église nous convie sagement à continuer le processus électoral en s’efforçant de justifier l’injustifiable et présenter ce mal comme une banalité à la Hannah Arendt. C’est son droit. Son métier de philosophe et de pasteur a toujours été d’obscurcir ce qui est parfaitement clair. Plus tard, ce professeur qui se veut aussi profondément « démocrate » entreprendra tout pour falsifier les résultats électoraux obtenus via la Centrale d’Informations qu’il dirige, préférant après nous convier avec une innocente candeur à faire la lumière sur les résultats du CEP dans un rapport digne d’entrer dans une anthologie de la supercherie.
De plus en Haïti, il n’y a pas de mal moral radical sans le Core Group. Aussi, a-t-on éprouvé une certaine satisfaction à voir les efforts déployés par ses membres pour tenter de masquer leur déconfiture. Ce syndicat, digne du Chicago des années 1930, a ainsi mobilisé toutes les ressources dont il dispose : le banc et l’arrière banc de tout ce que l’Empire compte de « restavèk » grands et petits. On a raclé les fonds de tiroir, organisé de nombreuses visites de « Gran Tèt » ; mais à y regarder de près la pêche n’a pas été miraculeuse. Le représentant d’alors de l’UE ne voulant pas être en reste, soulignait non sans imprudence et quelque malice, mais avec une franchise inhérente à son « charme » habituel, qu’à ne pas avancer on court le risque de reculer. Aussi n’a-t-il rien trouvé de mieux que de nous inviter à marcher dans la voie indiquée par le CEP.
Sur ces entrefaites et après les sages conseils de l’UE, le pouvoir a donc été transmis en 2016 à celui qui rêvait d’être le premier milliardaire noir haïtien, sans que celui-ci sache que sa mission, comme disait Marcel Gilbert, était de remettre ce pouvoir à la classe traditionnelle du pouvoir d’État, c’est-à-dire à ceux qui ont toujours eu pour mission d’assurer à nos élites qu’ils ne changeraient rien d’essentiel en arrivant au pouvoir. Ainsi, sous couvert de lutte contre les oligarques, une « médiocratie » avec une extraordinaire détermination de « restavek ròklò du blanc » s’installe dans le pays avec pour tâche essentielle d’éradiquer les traditions d’agitation populaire héritées de 1986. Cette « médiocratie » ne se souciera guère des défis de la reconstruction après le cyclone Matthew d’octobre 2016. Elle choisira plutôt d’agir sur un territoire détruit, perçu à tort comme un territoire à réhabiliter, alors qu’il s’agissait d’un territoire à reconstruire non seulement au plan des infrastructures physiques et sociales, mais aussi au plan des institutions.
Face aux vives protestations continues, au « peyilòk » de tous les secteurs de la société depuis Juillet 2018, et face à l’assassinat du président en fonction le 7 juillet 2021, le Core Group, dans la tradition de 2016, plébiscite le nouveau premier ministre en « invitant » le président défunt à une sorte de table tournante, afin de confirmer son choix. On se demande dès lors comment cette chose indescriptible, ce sans nom, ce comment s’appelle-t-il donc, ce TET KALE a pu obtenir le soutien d’Hélène La Llime, la représentante des Nations unies. Habituée d’exercer de basses besognes avec une incommensurable légèreté, elle s’est attelée sans soucis à sa tâche de fédérer des gangs et de déréglementer le fonctionnement de nos faibles institutions démocratiques en les annihilant toutes, en lieu et place de renforcer la sécurité et le bien-être du pays.
Après l’avènement en 2011 de ce pouvoir TET KALE dont le nom reste synonyme de « médiocratie », de prolifération de gangs et de pillage systématique de l’État, on a vu déambuler sur scène des personnages de théâtre, d’un côté jouant dans des pièces macabres et diverses au son de la fanfare des pays « amis » metteurs en scène de cette tragi-comédie, et de l’autre dansant le Konpa mamba dans un « barbecue » fumant, avec des Ti Zeb, TI Sanzave, des Ti Makak, des Chien et autres satrapes de la bourgeoisie d’affaires haïtienne sanctionnée par les Nations unies. Le pauvre petit, tout petit « Petit H » et bienheureux neurologue, converti en arracheur de dents, est gentil ; ses conseillers souvent des menteurs, ses proches souvent malhonnêtes.
Cependant, tout ceci est feu de paille par rapport à la puissance de feu de sa base de « mawozo » et la force de dépravation de sa « familia » le « G9 an fanmi e alye ». Ces conseillers et proches suscités sont peu ou prou des hommes et des femmes et quoi qu’on dise aussi « humains » que nos anciens objets doués de paroles « mi-hommes, mi-bêtes » dénommés « chimères » ; tandis que les gangs, les truands de la bourgeoisie d’affaires, les narcotrafiquants, eux forment une potion indigeste, une alchimie de haine, de violence, et de méchanceté planifiée ; bref, un concentré de « sanpwel ». Il est donc impératif d’analyser, et de faire la lumière sur les agissements destructeurs de cette bande de criminels diaboliques, de ces « sanpwèl » habillés tout en rouge (en Kadja Bossou). C’est la seule façon d’ être capable de formuler correctement une vision relative à l’avenir de ce pays, face au mal absolu, au mal extrême qui va nous frapper bientôt. Aussi, il faut faire vite « prese prese pase Dyab la lan baryè a ».
Ainsi, la République d’Haïti, sous l’action conjuguée de conditions économiques et sociales issues de politiques néfastes, assiégée par le clientélisme politique, la corruption et la violence des gangs se trouve de plus en plus vulnérable face aux catastrophes naturelles ; et donc incapable de relever les défis qui la menacent. Le risque majeur le plus récurrent est cependant le risque d’inondation associé aux cyclones, risque qui, s’il était couplé à des élections frauduleuses et une intervention militaire, nous mènerait tout droit à l’autodestruction de notre nation. Nous devons donc tout faire pour éviter que la prochaine catastrophe annoncée entre le 15 septembre et le 15 novembre 2023 (le mal absolu : cyclones + inondations + élections frauduleuses + intervention militaire) ne devienne notre attracteur irrésistible.
Frantz Vérella

Les balles font fuir malades et médecins du sanatorium de Port-au-Prince
Des patients et médecins désertent les locaux du sanatorium à cause des gangs qui font fureur dans les parages, à Carrefour-Feuilles, s’est confié le Dr Jean Ardouin Louis Charles. Le fonctionnement du centre hospitalier est paralysé alors que certains malades dépendent de ce centre hospitalier spécialisé dans les infections pulmonaires.

Par Germina Pierre Louis
31 août 2023
Article : Le Nouvelliste.

« Les malades qui ne prennent pas leurs médicaments représentent un danger pour leur propre personne et pour la communauté », a sensibilisé le responsable du sanatorium, Jean Ardouin Louis Charles. « Le traitement de la tuberculose dure six mois ; si une personne atteinte de tuberculose ne prend pas ses médicaments régulièrement, elle peut développer une résistance aux médicaments ; ils seront inefficaces. À ce moment la personne peut contaminer son entourage. Et ceux auxquels elle transmettra la tuberculose développeront également une résistance qui est difficile à traiter. C’est le risque encouru », a-t-il souligné à l’émission Panel Magik, le mercredi 30 août 2023.
Pour la maladie du Sida, les personnes atteintes peuvent développer cette même résistance si elles ne prennent pas leurs médicaments. « C’est un important problème lorsque cet hôpital spécialisé ne peut pas travailler et qu’il n’y a aucun autre hôpital qui peut le remplacer rapidement », a avancé le Dr Charles, qui en a profité pour prêcher aux bandits. “ « Nous ne cesserons jamais de dire que les personnels du monde médical sont neutres. Même dans les pays en guerre on les laisse travailler. Malheureusement en Haïti on ne respecte pas ce principe ; on tire sur les ambulances. Il ne faut pas oublier qu’eux aussi ont besoin de soins ; s’il n’y a pas le monde médical, ils ne pourront pas se faire soigner. Ils sont en train de diminuer l’espérance de vie des Haïtiens. Et nous offrons nos services les yeux bandés (sans discrimination) nous souciant seulement de la souffrance de nos patients. »
Jusqu’au mercredi 30 août, le bâtiment était indemne ; des professionnels qui habitent tout près y distribuent encore des médicaments malgré le fait que les patients se font rares. « Le problème se pose autour de l’hôpital où il y a des affrontements. Il y a beaucoup de tirs entre la police et les bandits qui ciblent notamment l’hôpital », a indiqué M. Charles, qui a salué les efforts déployés par la police pour sécuriser les lieux. Toutefois, force est de constater que les policiers sont dépassés par les forces adverses qui gagnent de plus en plus de territoires. Selon lui, c’est la première fois que les bandits sont parvenus à aller aussi loin.
Le sanatorium est un hôpital universitaire qui reçoit des malades souffrant de maladies pulmonaires, notamment la tuberculose, mais aussi des internes, des résidents qui y font leur service. Le centre hospitalier contient une section de médecine interne, son laboratoire. Il compte environ 100 lits et 124 employés. « Nous avons un service de femmes, d’hommes, de pédiatrie pour les enfants ayant des problèmes pulmonaires », a révélé le Dr Charles.

Voir en ligne : Une semaine en Haïti N° 1613