Les attaques armées des gangs continuent.
Attaques de bandits armés : installation de barrières de sécurité dans plusieurs quartiers
Dans plusieurs quartiers de la zone métropolitaine, de plus en plus de barrières sont remarquées dans certaines impasses et même sur des routes principales, bloquant parfois le passage à des véhicules qui fréquentent quotidiennement la route. Selon les informations recueillies par Le Nouvelliste, l’installation de ces barrières est l’initiative des résidents de ces quartiers qui cherchent à se donner un moyen de sécurité face aux diverses attaques menées par des groupes armés dans la capitale.
Par John Smith Justin
17 avr.
A Turgeau, cette initiative a débuté suite aux attaques des gangs armés dans le quartier Debussy en avril 2023. Depuis lors, une grande barrière a été installée sur la route menant à l’université Quisqueya. Sur cette barrière, il est écrit noir sur blanc : “Plus d’affermage ici et les motards venant d’autres quartiers ne sont pas les bienvenus !”. Suivant cet exemple, d’autres barrières sont également installées dans plusieurs impasses dans cette zone où le phénomène du kidnapping était très en vogue.
Résidant à Turgeau, André Charles habite dans une impasse qui est désormais sécurisée par une barrière depuis tantôt trois mois. Il applaudit cette initiative qui, selon lui, a donné de bons résultats depuis son lancement.“La population de Turgeau est déterminée à ne pas livrer la zone aux bandits. C’est pour cela que des barrières sont installées dans plusieurs coins. Si au cours de la journée on est informé que les bandits sont dans les environs, on ferme immédiatement les barrières. Depuis l’installation de celles-ci, les bandits ne viennent plus semer la terreur dans la zone. A chaque fois qu’ils font une tentative, on leur donne du bwa kale”, a-t-il expliqué, soulignant que plusieurs malfrats ont déjà été lynchés par les habitants du quartier.
Fabriqués pour la plupart avec une combinaison de fer et de tôles, ces barrières coûtent entre 150 000 et 200 000 gourdes, selon Yves Rabel, un résident à Turgeau. Les habitants contribuent pour la construction de la barrière.
Dans la plupart des endroits, les barrières sont fermées à 7h du soir et ouvertes à 6h dans la matinée. Si dans certaines zones les résidents possèdent une copie des clés permettant d’accéder à la barrière, dans d’autres on désigne un responsable chargé de l’ouvrir et de la fermer. Ces barrières sont installées sans l’autorisation des autorités locales qui sont quand même au courant, selon les témoignages recueillis auprès des résidents de différents quartiers visités.
A Juvénat, une petite barrière est installée sur la route principale reliant cette zone à Canapé-vert, à proximité d’un poste de police. Les chauffeurs de véhicules qui empruntent quotidiennement cette route sont obligés d’utiliser une autre voie lorsque la barrière est fermée dans la soirée. Dans certains points à Pacot, des barrières sont aussi remarquées. Des axes routiers n’ayant pas encore de barrière sont barricadés avec de vieilles voitures ou avec d’autres objets qui obstruent le passage des véhicules. Selon des témoins interrogés, plusieurs barrières sont en construction pour installer dans des endroits qui n’en ont pas encore.
Si l’installation des barrières est profitable à certains, elle crée toutefois des disputes entre plusieurs citoyens de la zone en raison des heures de fermeture. Yves Rabel raconte une altercation qu’il y a eu entre un résident qui voulait rentrer à une heure tardive alors qu’il n’avait pas les clés.
“ Normalement on accepte de laisser la barrière ouverte jusqu’à 8 h parfois. Mais c’est inacceptable qu’un individu veuille y pénétrer à 1h du matin tandis qu’il y a couvre-feu. Ce dernier a dû percer la barrière parce que c’était déjà fermé. Cela a créé une grande dispute entre lui et les autres habitants du quartier”, a-t-il fait savoir.
Un autre témoin à Juvenat a rapporté les diffcultés qu’il a rencontrées pour emmener sa femme à l’hôpital alors que celle-ci était sur le point d’accoucher en pleine soirée. Les routes étant bloquées, il a dû entreprendre plusieurs démarches avant de trouver un moyen pour sortir.