Eau, assainissement, modernisation Ecole Fraternité.

par Gérard

Cité Soleil est le plus grand bidonville du continent. 300000 personnes y vivent dans des conditions très difficiles. Violence, insalubrité, malnutrition, non accès aux soins, à l’école...
Sur un terrain que nous avons acheté, nous voulons :
¤ Créer une cour de récréation avec un espace vert.
¤ Construire 6 toilettes modernes.
¤ Apporter l’eau potable et pour les besoins domestiques.
¤ Réhabiliter un local existant sur le terrain pour en faire une salle de travail informatisée.
¤ Former les élèves aux gestes quotidiens de l’hygiène
¤ Former les professeurs à l’usage des moyens modernes d’enseignement.

II. Descriptif du contexte.
Introduction. L’école en Haïti.

L’école est un problème majeur pour le pays et son avenir. 90% sont des écoles privées, parfois créées sans aucune autorisation. L’école est, en Haïti, pour les plus pauvres et la plupart des habitants de la classe moyenne, souvent dans un état catastrophique : locaux insalubres, manque d’hygiène, qualité de l’enseignement déplorable avec des intervenants non qualifiés et souvent totalement incompétents, manque d’outils et de matériel scolaire, classes surchargée pour gagner plus, prix inabordables pour une grande partie de la population, profusion d’écoles « borlettes » qui sont gérées par des directeurs peu scrupuleux, propriétaires de leur école, s’enrichissant sur le dos des populations, mêlant activités sectaires et « enseignement », profitant de la crédulité des parents qui souvent n’ont pas fréquenté l’école et se saignent pour faire face, avec de faux espoirs.
Familles incapables d’aider les enfants. Le résultat est que de nombreux enfants ne peuvent aller à l’école et n’ont aucun avenir, surtout les filles, que beaucoup d’autres ne la fréquentent que peu d’années et en sortent sans savoir ni lire ni écrire ; la majorité, dans ces bidonvilles, ne pouvant dépasser le niveau primaire. Les écoles ont pour habitude de renvoyer les enfants qui ne peuvent pas payer, ce qui engendre des retards considérables dans la scolarité ou simplement des abandons, à chaque crise dans la famille ou la société.
Le taux de scolarisation est le plus faible du continent, 57% dans les villes, 35% dans les campagnes, l’enseignement est le plus souvent basé sur l’apprentissage par cœur et la répétition. Le CHF à travers son projet Comoseh, tente de moderniser l’enseignement par tranches de 30 écoles, ce projet comprenant, selon les besoins, la formation des professeurs, l’électrification,la dotation en matériel moderne, l’assainissement, l’hygiène de vie.

II .1. La situation géographique, sociale et économique, politique.

II.1.1. Situation géographique.
Cité Soleil est un immense bidonville de 250000 à 300000 habitants, qui fait partie de l’agglomération de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti. Situé après le port, à 4 km du centre-ville, et près de l’aéroport, la cité était à l’origine construire pour une population ouvrière (Epoque du dictateur Duvalier),mais la dégradation a été rapide ; la majorité de la ville a été ensuite construite, en partie, sur les ordures des quartiers de Port-au-Prince situés plus haut, qui, toutes, déferlent, lors des grosses pluies vers les quartiers bas, par de grands canaux, qui sont des égouts à ciel ouvert charriant les ordures vers la mer. Elle est aujourd’hui très étendue, jusqu’à une zone encore en partie « rurbaine ». La Cité est traversée par un axe principal Est/Ouest, (Route N°9), et bordée par un autre, Route N°1. La cité s’étend vers la mer, qui est à cet endroit un cloaque, jonché d’ordures.

II.1.2. Situation sociale et économique.
La population de Cité Soleil est la plus pauvre du pays et peut-être du continent. Le plus grand bidonville des Caraïbes. S’y retrouvent des habitants déshérités, venus de la campagne où la division des terres ne leur permet plus de survivre, des divers autres bidonvilles ou camps de Port-au-Prince, qui n’ont pas d’autre endroit pour s’installer et ne peuvent quitter le secteur. Sa réalité est très préoccupante, son image l’est encore plus, car noircie par les journalistes, les cinéastes, parfois les intervenants qui demandent des aides, et la méconnaissance des populations nanties, qui n’y mettent jamais les pieds.
La misère y est générale ; les populations y survivent dans des conditions d’hygiène déplorables. 80% de la population est sans travail, la scolarisation est faible et l’enseignement de mauvaise qualité. Beaucoup de familles n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école ; mais aussi de les nourrir : Malnutrition, sous nutrition sont des fléaux. Aucune sécurité, accès aux soins très aléatoire.
Les femmes et les enfants sont les premières victimes de cette situation. Mortalité infantile, mortalité des femmes durant les grossesses, maladies dues à l’eau et à la mauvaise hygiène de vie en général. Les violences faites aux femmes sont quotidiennes, en particuliers aux jeunes filles, toujours en danger. Ce sont les femmes, avec leur petit commerce de rue, qui généralement subviennent à la survie des familles très nombreuses. Mais les étals sur les trottoirs sont désormais interdits dans les quartiers « riches » comme Pétionville. Leur marchandise est confisquée, et c’est tout ce qu’elles possèdent. Beaucoup de femmes vivent seules.
Les conditions de vie, et la pollution engendrent des affections nombreuses : tuberculose, maladies dues à l’eau, la malnutrition est généralisée. A chaque grosse pluie, les eaux chargées d’ordures stagnent durant des semaines. Les habitations sont souvent précaires et insalubres.
Certains quartiers subissent la loi des gangs, des trafiquants de drogue et la sécurité y est très précaire : crimes, racket, enlèvements, viols etc. Il y a des périodes noires, mais parfois il règne un calme relatif. Cependant, le secteur traverse une période de calme relatif. Les années noires ont vu des combats de rue à l’arme lourde qui ont occasionné beaucoup de destructions de maisons, structures d’assainissement, de biens publics et de victimes. Le tremblement de terre de 2010 a achevé des destructions de maisons mal construites et fragiles. Beaucoup de gangs ont été décimés, mais de nouveaux se créent.
Une petite partie de la population, celle qui trouve du travail, y vit sans trop de problèmes, améliore son habitat, petit à petit, et, en se groupant, ces habitants influent sur leur quartier, améliorent leurs conditions de vie. (artisans, ouvriers des zones franches, petits commerçants…). Il n’a a donc pas que des logements précaires insalubres.

II.1.3. Situation politique.
Cité Soleil est un « réservoir » de voix lors de chaque élection. Beaucoup de personnes n’ont pas de carte d’identité, aucun recensement n’a été possible. Mais la corruption permet de nombreux votes, certains personnages politiques ou gros trafiquants manipulant des autorités corrompues dans le secteur.
Ni les étrangers, ni les habitants des autres quartiers n’y vont, la cité est repliée sur elle-même pour une partie très pauvre de la population qui n’e sort pas de la Cité. Il n’est possible d’y travailler qu’avec le concours des habitants de la Cité, et des équipes connues de maçons, de directeurs d’école etc.
Plan de la zone de Cité Soleil
Le plan de l’école et le projet. Cliquez sur l’icône.

Historique de l’école.
Durant les années 1995 à 2003 l’école était située plus à l’intérieur du bidonville. Plusieurs fois pillée, ou détruite par les combats entre les gangs ou entre les forces de police de l’’Etat ou la Minustah (ONU) contre les gangs. Après 2005, elle a été installée à la périphérie de la Cité, dans le quartier 3BB, dans un local loué, puis acheté par Enfants-Soleil. Détruite par le séisme de 2010, elle a été entièrement reconstruire pas Enfants-Soleil et améliorée au cours des années. Elle compte aujourd’hui 8 salles de classe un bureau de direction, un secrétariat et une cuisine pour la cantine.196 élèves inscrits.
Les enfants sont très pauvres et bien peu peuvent s’acquitter des frais de scolarité (100 gourdes =2 €) alors que beaucoup d’autres écoles demandent des droits dépassant 7500 gourdes pour l’inscription et 1500 gourdes par mois. (11% des enfants peuvent payer l’inscription de l’école Fraternité !)
Deux belles salles de classe ont été construites en 2015 sur un petit terrain acheté par l’association.
Une cantine permet actuellement de servir des repas trois jours par semaine. Il y a deux cuisinières. Elles sont payées, comme les 9 professeurs, par l’Association Enfants-Soleil qui approvisionne aussi la cantine, et subvient à tous les frais de scolarité. (aides directes et parrainages.)
Les aides de l’Etat (Ministère de l’Education et de la formation professionnelle) et du PAM ne sont plus versées. (Manque de possibilités de financement).
Grâce à un partenariat, depuis 8 ans environ, avec une association haïtienne partenaire, (Sakala), aidée ponctuellement par des organismes des USA ou le Canada, de multiples échanges permettent de partager un terrain de sport, des activités sportives et culturelles, un grand jardin urbain potagers et de loisirs, des salles pour l’informatique et les cours, un ciné-club.
L’école permet aussi aux enfants de s’initier à la musique. (orgues électroniques, percussions, flutes etc…)
Il y a l’électricité, mais fournie très irrégulièrement pas la ville, insuffisamment pour alimenter régulièrement une salle informatique. L’eau provient de la récupération des pluies et d’un branchement provisoire et « illégal » sur les canalisations de l’Association Sakala qui dispose épisodiquement de l’eau de la ville.
L’enseignement n’est pas de bonne qualité. Peu de professeurs diplômés acceptent de travailler à Cité Soleil. Le corps enseignant y est instable. Beaucoup d’enseignants, en Haïti, doivent travailler sur plusieurs établissements pour gagner de quoi vivre. Leur formation est très insuffisante. Le projet de modernisation prévoit de pallier ces carences : stages de formation longue. Outils de travail modernes (tableaux numériques, informatique, conditions d’hygiène et de travail adaptées.)conditions salariales décentes et de réformer l’enseignement, qui est aujourd’hui dramatiquement fondé sur la répétition et le « par-cœur ». Très peu d’élèves ont la possibilité d’accéder à des études secondaires, et à fortiori universitaires, qui sont très chères.
La première étape de cette modernisation est l’assainissement, l’accès à l’eau pour améliorer les qualités d’accueil et le bien-être des élèves et des enseignants, le développement de la cantine pour servir un repas chaque jour de la semaine. Le problème de la faim est récurrent, qui engendre de très nombreuses carences. Suivra la construction de 4 salles de classe nouvelles et adaptées, sur le reste du nouveau terrain. Cela permettra aussi l’accueil de trois niveaux supplémentaires, conformément aux recommandations du Ministère.
IV. 1. Analyse des besoins. Voir Annexe 5. Page images projet.
L’eau.
Vitale dans un espace où vivent 196 enfants qui ont droit à une hygiène de vie acceptable et à l’eau potable sûre. Les maladies sont endémiques, dues au manque d’accès à l’eau. Une école, aidée par la France, se doit de montrer l’exemple.
Pour beaucoup d’enfants démunis, l’école est le seul endroit où ils peuvent découvrir le lien essentiel entre hygiène et santé. Des enseignants bien informés peuvent aider les enfants à apprendre des tâches permettant de rester en bonne santé, comme se laver les mains avant de manger ou l’élimination saine des déchets. Et avec une bonne éducation à l’hygiène, les enfants deviennent eux-mêmes les promoteurs de la santé au sein de leur famille, à laquelle ils transmettent des informations et des compétences vitales qui peuvent réduire la vulnérabilité familiale à des maladies hydriques mortelles. Le simple fait de se laver les mains peut réduire les maladies diarrhéiques d’au moins quarante pour cent, selon l’Unicef.
Toilettes. L’urgence est la construction de toilettes modernes, en nombre suffisant pour les 150 élèves et ceux qui sont prévus dans le futur. Les 2 toilettes actuelles sont dégradées et insalubres, trop proches des salles de classe. Cette construction sera réalisée sur une partie du terrain acheté pour l’agrandissement.
Un espace de vie agréable et sain.
En transformant une partie de ce terrain en cour de récréation gravillonnée, assainie, par un canal d’évacuation des eaux de pluie, un petit espace vert et accès aux toilettes. Les récréations sont trop courtes pour aller sur le terrain de sport ou dans les jardins. (l’école a lieu le matin, de 7H30 à 13H)

IV. 2. Salle bibliothèque et informatique.
L’assainissement et l’aménagement d’une construction existante, sur le nouveau terrain, nous permettra d’installer une petite salle informatisée, permettant à ces enfants, coupés du monde par leurs conditions de vie à Cité Soleil, d’accéder au savoir et à la culture par le biais de la lecture et d’Internet.
Notre association n’est pas assez riche pour se permettre de détruire un local qui peut être réparé, d’autant qu’une salle de ce genre est absolument nécessaire dans le cadre des projets sur les années qui viennent.
L’achat d’ordinateurs ne fait pas partie directement du projet « eau, assainissement et modernisation » pour les deux bailleurs sollicités. Nous comptons sur l’aide de la Région Ile de France en espérant que l’importance de ce volet pour l’avenir des enfants sera prise en compte.
Ces améliorations sont prévues dans le cadre d’un grand projet de modernisation des écoles et de l’enseignement avec le Collectif Haïti d’autres grandes associations (Gret, Haïti futur) et le Ministère de l’Education et de la formation professionnelle haïtien. Nous sommes l’un des administrateurs du Collectif. (80 associations). Chaque école doit moderniser ses moyens pour accéder au financement de ce projet par l’AFD.
Sensibilisation. Très importante pour la santé des élèves au sein de l’école et pour les répercussions dans les familles.
Dans le futur. L’acquisition, en 2016, du terrain contigu à l’école, et utilisé en partie pour ce projet, permettra de construire 4 salles de classe supplémentaires, un lieu de récréation adapté et un autre petit espace vert, pour accueillir en plus, des élèves de la 7ème à la 9ème année.(cent élèves à terme) et les jeunes en réinsertion de Sakala.
Une association haïtienne partenaire, Sakala, située à côté de l’école, nous permet de mutualiser un espace jardin urbain, un terrain de sport, des activités pluriculturelles diverses, partenariat qui se développe chaque année. Les nouvelles constructions seront partagées avec Sakala.

1 Objectifs spécifiques.
1. Assainir le lieu de vie des élèves et l’agrandir pour créer une cour de récréation sécurisée avec un petit espace vert qui sera géré par les élèves. Assainir cet espace de vie en réalisant une évacuation des eaux de pluies vers un canal.
2. Mettre à disposition des élèves un équipement sanitaire moderne, hygiénique : toilettes dotées de chasses d’eau, pour assurer à l’école des bonnes conditions d’accueil.
3. Doter l’école d’un accès à l’eau potable, purifiée, avec une citerne dédiée. Infrastructure d’accès à l’eau, avec une seconde citerne pour les toilettes, une troisième pour le nettoyage, les besoins courants, l’hygiène quotidienne Récupération des eaux de pluie et branchement au réseau.
4. Assainir, réhabiliter un local existant sur ce terrain pour le transformer en local bibliothèque, salle de travail informatisée. Doter ce local d’une alimentation en électricité permanente et d’outils informatique. Former les enseignants à son utilisation.
5. Former les bénéficiaires à l’utilisation des structures, à l’usage de l’eau. Les sensibiliser aux problèmes de l’eau, dans le monde, dans leur pays et dans leur quartier et aux gestes d’hygiène quotidienne.
Page images projet. Cliquez sur l’icône.