Quelques sculptures métalliques originales...

par Gérard

Ces sculptures ont pour la plupart été acquises par des particuliers.(Seul "Baron Samdi" est encore disponible.
Gérard commente ci-dessous ces oeuvres originales, en citant souvent des extraits d’un ouvrage qui fait référence : celui d’Alfred Métraux."Le Vaudou Haïtien".
Cependant, si les artistes du fer font référence à la mythologie Vaudou, ce ne sont pas là des objets de culte, mais des objets qui y font référence, souvent avec beaucoup de liberté et de fantaisie.

Ogou. L’appel à Ogou. (Vendu)

Le oungan ( prêtre vaudou) commence la cérémonie durant laquelle le dieu Ogou devrait venir visiter les initiés.
Au Dahomey, Ogou est , tel Héphaïstos, le forgeron du monde mythique. A Haïti, le travail du fer est devenu rare. Dans le panthéon Vaudou, dans l’imaginaire populaire, Ogou appartient plutôt aujourd’hui au monde guerrier. Un sabre le représente, fiché en terre devant le Humfo ( temple).
Alfred Métraux écrit dans son livre « Le Vaudou haïtien » ( Gallimard) :
« Quelques souvenirs de son ancien état se sont néanmoins conservés dans le culte qui lui est rendu et dans l’image que l’on se fait de son caractère et de ses goûts. On donne le nom de forge d’Ogou à la tige de fer plantée au milieu d’un brasier, qui, dans certaines cérémonies représente le dieu. Ogou a une passion pour le feu. Ses possédés se lavent les mains dans du rhum enflammé. Les plus exaltés n’hésitent pas à manipuler des barres de fer incandescentes. L’eau étant l’ennemi du feu, les Ogou en ont horreur. Pour cette raison, on ne leur offre pas de libations comme aux autres loas, mais on se borne à incliner trois fois le pot à eau, sans en renverser une goutte. »
Cependant certains Ogous sont de grands buveurs de rhum, sans être jamais saouls. On prête à Ogou l’aspect et les façons des vieux briscards du « temps des baïonnettes » ( Guerres civiles ) Ogou est vrai soudard, et un coureur de jupons. Il se ruine pour les jolies femmes. Sa couleur préférée est le rouge, il est célèbre pour sa vaillance guerrière. Mais il est aussi un Loa de la fertilité en tant qu’amant d’Ezilie qui est la beauté et la sensualité et règne sur le domaine des eaux.
Les forgerons du Vaudou représentent souvent Ogou en Saint Jacques Majeur, le saint catholique,, pourfendeur des Maures et aussi sous les traits de l’empereur Dessaline, libérateur du pays, parfois les deux se mêlent dans un même personnage mythique. La dualité des icônes est un signe caractéristique de la mythologie vaudou. Les Loa assurent la continuité entre le monde des vivants et celui des morts. Ils ne sont jamais totalement négatifs pour les humains qui doivent négocier avec eux. Cependant Ogou est loin d’être commode ! Cependant, Ogou est un loa à qui on fait appel pour sortir de la misère.
Ici, le sculpteur a figuré l’appel à ce loa grâce au oungan ( prêtre). Le coq nous rappelle le loa que l’on veut inviter à la cérémonie : Ogou. ( Le coq est aussi l’emblème du vaudou) Le prêtre tient dans sa main l’ossun, sorte de calebasse dans laquelle des graines servent à marquer le rythme des musiques de cérémonies, avec une petite cloche métallique qui fait aussi partie des instruments.. Après avoir dessiné sur le sol les vèvè, avec de la farine, de la craie, ou tout autre poudre, le oungan allume une bougie au pied du poteau central.

Baron Samdi avec oiseau coucou et le serpent (En stock)

Prétexte à beaucoup d’œuvres d’arts, Baron Samdi, personnage truculent de la mythologie vaudou, est en même temps utile, rigolard et terrible.
Les coucous symbolisent en même temps ce personnage mythologique qui prend sans scrupules la place des autres, la magie blanche et la magie noire, l’exode.
( D’après Laennec Hurbon : « Les mystères du Vaudou ») Non vendu.

Baron Samdi, chef de file des esprits de la mort, appelés « Gédés », porte souvent des vêtements noirs des lunettes noires et un chapeau haut de forme, fumant un gros cigare, buvant beaucoup de rhum.. Ses danses lascives, dites « banda » imitent l’accouplement sexuel. C’est toujours sous ses auspices que, dans les cimetières ou à la croisée des chemins, s’accomplissent les pratiques de magie ou de sorcellerie, appelées « expéditions », par allusion à Saint Expédit, le correspondant catholique du baron. Son étrange ressemblance avec l’ancien dictateur Duvalier et son phallus exhibé pissant le sang, on ne peut s’empêcher d’y reconnaître les forces maléfiques des dictatures qui ont dominé si souvent la politique haïtienne.

D’après Charles Najman. (« Haïti, Dieu Seul me voit ».) citant parfois Alfred Métraux (Le Vaudou Haïtien »)
"Les guédés viennent parfois parader au milieu des vivants, se livrant à des pitrerie macabres, il pratiquent un art très sophistiqué de la dérision, une manière pour eux de défier la mort.. Ces loas ( divinités vaudous) proviennent de l’ancien empire africain du Dahomey. Dans les rituels, leur chorégraphie obéit à une dramaturgie précise. Si ces esprits s’activent la nuit, c’est pour prendre la direction de l’Afrique originelle, afin de se réinscrire les morts dans la longue lignée des ancêtres."
Baron Samdi se présente au cours d’une cérémonie lorsqu’il entend les trois petits coups secs des tambours rada. Souvent il surgit lorsqu’il n’y est pas invité. Sa conduite y est alors déplorable. Il insulte les personnes en termes grossiers et exige d’elles des choses impossibles. Il a la réputation d’être un dieu terrible, buveur, obsène : on cherche à l’apaiser par des chants ou des danses. Il finit par accaparer presque toute la cérémonie, avec toute son escorte, privant ainsi les autres dieux des danses qui leur sont dues. Il accompagne les morts qu’il livre à Baron-Lacroix.
Le charme des cérémonie est sa théâtralité, et le talent d’acteur des participants, qui font de ces invocations aux loas un véritable spectacle de musique de chants et de danses.

Damballah Ezilie. L’androgynité orginelle. (Vendu)

Cette sculpture représente les Loas ( Dieux esprits) Damballah, Ezile, auxquels est associé l’idée, à travers la gémellité, de l’harmonie androgyne universelle. Le serpent arc en ciel était déjà l’objet d’un culte au royaume ancien du Dahomey. C’est là son origine. L’esprit représenté par les serpents est Damballah. Issu de la mythologie africaine « Rada », les plus doux du panthéon, il vit dans les sources et les rivières. On l’assimile souvent au saint catholique St Patrice (qui est souvent représenté chassant les serpents d’Irlande) Sa couleur est le blanc, il est le principe du bien, contrairement aux légendes chrétiennes. On lui fait comme offrandes ce qui est blanc : poules blanches, lait, œufs…Il peut apporter richesse fortune et bonheur.

Alfred Métraux écrit : « Le Vaudou Haïtien » Gallimard
«  Les gens possédés par Damballah-wèdo dardent la langue, rampent sur le sol avec des ondulations, grimpent aux arbres et aux poutres du péristyle. S’accrochant aux tirants de la toiture, ils se laissent tomber la tête en bas, tel le boa. Damballah ne parle pas mais il siffle, c’est pourquoi les possédés émettent des « tetetetete » saccadés. Ils essaient de se faire comprendre en donnant à ces sons des modulations d’une phrase du langage courant.
Tous les arbres sont les reposoirs de dieu Damballah, parce que les serpents montent sur tous les arbres. Etant couleuvre et divinité aquatique, il hante les rivières, les sources et les mares. L’argent est un métal blanc dont il est le maître. C’est donc lui qui accorde la richesse et permet la découverte des trésors. Entre ceux-ci et l’arc-en-ciel, il existe de mystérieuses correspondances. Il a une femme : Aïda Wèdo. Sur les fresque murales des temples on le représente souvent avec elle : deux serpents semblent plonger dans le bassin (du temple) à travers un arc en ciel. Le diadème d’Aïda Wèdo assure la richesse à qui s’en empare.
 »
Ce Loa Damballah-wèdo est l’un des plus populaires et des plus sympathiques du panthéon vaudou.
Couleuvre, couleuvre, o Coulèv coulèv, o
Damballah-wèdo papa Dâbala-wèdo papa
Tu es une couleuvre U kulèv , o
Couleuvre, couleuvre, o Kulèv, kulèv , o
J’appellerai la couleuvre, o M’apé rélé kulèv o
La couleuvre ne parle pas Kulèv pa sa palé
Damballah papa tu es une couleuvre Dâbala papa u sé Kulèv

Lorsque deux serpents sont représentés, ils orientent la lecture de l’œuvre vers l’idée de gémellité.

Le culte des jumeaux. Ou loas Marassa.

Les jumeaux sont plus forts que les loas, à cause de l’harmonie, l’union originelle qu’ils symbolisent. On en retrouve dans la plupart des rites, et beaucoup dans les représentations picturales sous des formes très diverses. On leur fait des offrandes régulières, que l’on dépose parfois dans les branches des arbres, ( ils sont très susceptibles !) dans des écuelles doubles ou triples qui leur sont réservées. Quand les Marassa sont de bonne humeur, ils donnent les formules de plantes ou d’herbes médicinales pour guérir les maladies. ( Médecins feuilles et vaudou ont donc des liens particuliers. )
Dans la mythologie chrétienne, ils sont assimilés aux jumeaux Côme et Damien, : les saints martyrs qui, originaires de Syrie, étaient médecins et soignaient gratuitement les pauvres...Selon la Légende Dorée, leurs extraordinaires capacités étaient directement inspirées par le Saint esprit. Ils furent miraculeusement sauvés de toutes les tortures. « Saint Nicolas, écrit Alfred Métraux, qui a ressuscité les trois enfants que le boucher avait mis au saloir, passe pour être leur père, et Sainte Claire leur mère. Pour obtenir une faveur des loas jumeaux, il convient de s’adresser à Saint Nicolas, la face tournée vers le levant. »
Le serpent pourrait faire penser au dieu grec Hermès, messager volant des dieux qui donna aux hommes entre autres bienfaits, la médecine. Mais il peut aussi évoque Damballah, les arbres sont son domaine de prédilection. Il est, comme Ezili, une divinité aquatique. Il a aussi le pouvoir de faire venir la pluie.
Cette harmonie première est confirmée par la présence de V entrecroisés que l’on retrouve plusieurs fois dans la sculpture : ils représentent l’androgynité originelle.
La présence des étoiles, des v associés, symbole cosmique, se retrouve souvent dans d’autres mythologies ( en particulier celle des Amérindiens du nord) La vie vient du cosmos, en harmonie avec la mythologie vaudou dans laquelle les dieux descendent sur terre pour rencontrer les humains. Une légende d’une tribu « indienne » d’Amérique du nord raconte que les étoiles, reposoir des anciens sages disparus, s’ennuyant, vinrent visiter les humains, au temps où la terre était encore un paradis. Cherchant où s’établir, elles choisirent la surface des lacs où elle apparaissent encore sous forme de nénuphars.
«  On peut agir, écrit A. Métraux, sur la « manm » ( l’âme = principe spirituel, effluve sacrée) d’une étoile et la faire descendre dans une assiette, mais il faut assurer son retour au ciel sous peine de perdre la vie. »
Le vèvè d’Ezilie est représenté à droite de la sculpture sous forme d’un coeur orné d’une épée. ( Lire l’histoire d’Ezilie sur la sculpture « L’appel à Ezilie.)
On retrouve dans les peintures haïtiennes cette nostalgie du paradis terrestre que fut Haïti ainsi que la déïfication ( Epiphanie des dieux) des héros disparus. Le Vaudou s’inscrit ainsi, à travers sa cosmogonie imaginaire dans l’universalité des textes et arts fondateurs.

Danseuse ailée.
Qui est cette élégante danseuse ailée ? (Vendu)

Si l’art haïtien garde souvent l’empreinte de la mythologie vaudou, il sait, comme tout art, s’en détacher pour créer, simples dans la forme et complexes dans l’évocation, de nouvelles entités où chacun trouvera selon sa culture et ses sentiments des émotions différentes.
Personnage ailé, la danseuse évoquera les saintes des représentations chrétiennes dans les miniatures naïves du Moyen âge ou les danseuses de la mythologie romaine de PompéI.
Elle représente aussi bien la danseuse habitée des théâtrales cérémonies du vaudou. Les tresses défaites de la jeune fille évoquent Ezilie, la déesse libre de l’amour, l’Aphrodite de mythologie haïtienne. Elle se représente sous l’aspect d’une jolie mulâtresse des Antilles, élégante, sensuelle. Elle appartient au groupe des esprits marins. « Elle a tous les attributs de l’élégance et de la beauté, coquette, sensuelle, amie du luxe et du plaisir, dépensière jusqu’à l’extravagance » écrit Alfred Métraux, dans son livre : Le Vaudou Haïtien. « Elle se promène lentement, balançant les hanches, jetant des œillades aguichantes aux hommes, ou s’arrêtant le temps d’un baiser ou d’une caresse. […] Elle aime trop les hommes pour ne pas défier les femmes, ses rivales. Elle les traite avec hauteur, et les salue en accrochant son petit doigt au leur. Ezilie est « une dame à l’étiquette » et lorsqu’elle affecte de parler français, elle prend volontiers une voix pointue. Quand elle retourne dans son boudoir, au bras de deux amoureux, les hommes se pressent pour lui faire escorte en s’enivrant de son parfum  » Elle est la féminité, fascinante et effrayante, toujours mystérieuse.
Mais la présence de la nuit de la lune et des étoiles nous fait penser à la mythique Cécile Fatiman, dont la légende naquit lors de la célèbre cérémonie de Bois Caïman.
« C’était par une nuit d’orage, écrit Laénnec Hurbon , dans son livre « Les mystères du Vaudou » ( Collection Découvertes. Gallimard). Le vent soufflait dans les arbres et l’assistance était tendue. » (Les esclaves révoltés préparent l’assaut final contre l’ordre esclavagiste, le plan d’insurrection. Nous sommes dans une clairière, dans la forêt de Bois Caïman, non loin de Cap Haïtien. 14 août 1791. ) Une jeune prêtresse, que la tradition orale identifie à une mulâtresse du nom de Cécile Fatiman, procède au sacrifice d’un cochon noir [ … ] Elle chante des airs africains, repris en chœur par les participants. Boukman, le chef incontesté de l’assemblée, se lève, invoque Dieu et exhorte les esclaves. " De nombreux peintres et sculpteurs ont évoqué cette cérémonie mythique. Mais au-delà de l’histoire, transcendée par la danse et la musique, la belle danseuse appelle en même temps les dieux dont elle sollicite l’assistance et les esclaves qu’elle galvanise par son chant.
On sait que la corne – ou la conque marine servait aux esclaves marrons ( évadés) à communiquer d’une colline à l’autre, d’une forêt à l’autre, d’un village à une plantation.
Le rôle du Vaudou et celui des femmes est ainsi rappelé dans cette extraordinaire évènement que fut la libération d’Haïti , seul peuple à s’être libéré seul de l’esclavage.

La sirène.(Vendu)

Cette belle Sirène qui possède queue et nageoires est l’amie des poissons et des étoiles de mer, qui sont les symboles du dieu Agoué qu’on dit son mari. Tout est, dans cette sculpture, ondulation de vagues. Simplicité et volupté d’un monde du silence où les problèmes et les souffrances de la terre ferme ne se sont pas encore installés.
Elle est considérée comme l’épouse d’Agwé, le maître de la mer. Ce sont surtout les pêcheurs et les marins qui sont placés « sous leur juridiction ». Alfred Métraux. ( Le vaudou haïtien. Gallimard)
" La sirène et la baleine sont deux divinités aquatiques si étroitement liées qu’on les vénère toujours ensemble et qu’on les célèbre dans le même chant. Les uns disent que la baleine est la mère de la sirène, d’autres qu’elle est son mari, et d’autres enfin que ces deux noms s’appliquent à une seule et même divinité. On se représente la sirène conformément à la tradition européenne, mais lorsqu’elle apparaît dans un sanctuaire, la personne qui est possédée par elle n’est qu’une jeune femme coquette, fort soucieuse de sa toilette. On m’a raconté qu’au cours d’une cérémonie vaudou, la Sirène et la Baleine s’étaient incarnées dans deux jeunes femmes, qui par affectation d’élégance, s’étaient mises à parler Français. Un Guédé, excédé par leur snobisme se moqué d’elles avec tant de cruauté que les deux pauvres déesses s’enfuirent toutes penaudes."
Dans les représentations du moyen âge, les sirènes étaient souvent peintes comme des êtres avenants, chantant et jouant. Elles n’ont pas l’aspect en même temps charmeur et maléfique des sirènes de la Grèce antique. Mais méfiez-vous de celle qui parade dans les eaux des lacs et des fleuves d’Haïti.
Quand à la baleine, elle est souvent représentée comme elle l’était au Moyen âge, mais elle est de nature très différente. Au Moyen âge, dans les bestiaires, énorme animal marin parfois doté de longues défenses, imaginé avec toutes les formes possibles du monstre, son corps ressemblait à une île de sable, dont il avait la couleur. Les marins, qui, trompés, y accostaient, étaient perdus à jamais. Celle du vaudou haïtien est plus débonnaire et son rôle est plutôt bénéfique pour ses adorateurs, sauf si elle est jalouse !
Lisez le grand Livre de l’auteur haïtien Gary Victor.( Collection Vents d’Ailleurs) Vous y rencontrerez la Sirène du fleuve, qui parfois vous capture et vous retient prisonnier au fond des fleuves des lacs ou de la mer, surtout les jolies femmes dont elle est jalouse, car tous les hommes sont amoureux d’elle. ! C’est que la Sirène est amoureuse de Papa Simbi…un dieu qui la délaisse.
Elle s’appelait Manmzèl
C’était une fille de la chapelle
Qui n’avait jamais vu le fleuve
Quand elle passait dans notre bourg
Les jeunes hommes disaient
Elle est plus belle que la Sirène !
Un jour, en prenant son bain dans la rivière
Papa Simbi vint à passer.
Coup de foudre. L’orage gronda
Ils firent l’amour jusqu’à la tombée du jour.
Le colibri, jaloux de la beauté de Manmzèl
S’empressa d’avertir la Sirène
Que le Dieu était tombé en amour
Avec une autre femme.
Un matin à la source,
Manmzèl glissa dans le bassin
Et disparut, capturée par sa rivale.
Depuis ce jour, partout, Papa Simbi la cherche.
Je chante cette chanson
Pour que celui qui l’entend,
Si cela est en son pouvoir,
Puisse avertir Papa Simbi
Que Manmzèl est prisonnière de la Sirène
Car il faut que leur amour renaisse
Pour que l’Arc en Ciel fructifie
De nouveau la vallée. ( Simbi est aussi un dieu aquatique. Il est le gardien des sources et des mares, mais habite dans les grottes des montagnes. ( Quelquefois représenté comme les « rois mages ».)

Le baiser au serpent. (Vendu)

Le serpent arc en ciel était déjà l’objet d’un culte au royaume ancien du Dahomey. C’est là son origine.
L’esprit représenté par un serpent est Damballah. Issu de la mythologie africaine « Rada », les plus doux du panthéon, il vit dans les sources et les rivières. On l’assimile souvent au saint catholique St Patrice (qui est souvent représenté chassant les serpents d’Irlande) Sa couleur est le blanc, il est le principe du bien, contrairement aux légendes chrétiennes. On lui fait comme offrandes ce qui est blanc : poules blanches, lait, œufs…Il peut apporter richesse fortune et bonheur.
Alfred Métraux écrit : « Le Vaudou Haïtien » Gallimard
«  Les gens possédés par Damballah-wèdo dardent la langue, rampent sur le sol avec des ondulations, grimpent aux arbres et aux poutres du péristyle. S’accrochant aux tirants de la toiture, ils se laissent tomber la tête en bas, tel le boa. Damballah ne parle pas mais il siffle, c’est pourquoi les possédés émettent des « tetetetete » saccadés. Ils essaient de se faire comprendre en donnant à ces sons des modulations d’une phrase du langage courant.
Tous les arbres sont les reposoirs de dieu Damballah, parce que les serpents montent sur tous les arbres. Etant couleuvre et divinité aquatique, il hante les rivières, les sources et les mares. L’argent est un métal blanc dont il est le maître. C’est donc lui qui accorde la richesse et permet la découverte des trésors. Entre ceux-ci et l’arc-en-ciel, il existe de mystérieuses correspondances. Il a une femme : Aïda Wèdo. Sur les fresque murales des temples on le représente souvent avec elle : deux serpents semblent plonger dans le bassin (du temple) à travers un arc en ciel. Le diadème d’Aïda Wèdo assure la richesse à qui s’en empare.
 »
Le sculpteur a représenté ici symboliquement une femme initiée, aux cheveux de serpent, qui symbolisent l’objet de sa danse sacrée, accueillant le dieu et lui donnant un baiser. Peut-être deviendra-t-elle Ounsi, c’est à dire épouse du Loa, dans une sorte de mariage symbolique. Ce Loa Damballah-wèdo est l’un des plus populaires et des plus sympathiques du panthéon vaudou.
Couleuvre, couleuvre, o Coulèv coulèv, o
Damballah-wèdo papa Dâbala-wèdo papa
Tu es une couleuvre U kulèv , o
Couleuvre, couleuvre, o Kulèv, kulèv , o
J’appellerai la couleuvre, o M’apé rélé kulèv o
La couleuvre ne parle pas Kulèv pa sa palé
Damballah papa tu es une couleuvre Dâbala papa u sé Kulèv

Les Loas bonheur. (vendu)

Cette sculpture représente plusieurs loas ou esprits de la mythologie vaudou. Le vévé en forme de cœur ( le vévé est la représentation schématique d’un loa, tracé sur le sol lors des cérémonies) est celui de la belle Ezilie. L’arbre central et les feuilles sont la représentation du poteau mitan, qui se dresse au milieu des temples, vague réminiscence de l’arbre de vie de la mythologie chrétienne. Le serpent évoque le loa Damballah wedo. Les deux oiseaux reprennent une idée plus complexe
du panthéon vaudou : celle de la gemellité.
Ezilie ( il y a de nombreuses orthographies)
Alfred Métraux ( Le Vaudou haïtien)
« On compare souvent Ezilie freda Dahomey à Aphrodite. Les deux déesses se ressemblent dans la mesure où uns jolie mulâtresse des Antilles peut évoquer une divinité homérique. Ezilie, comme Aphrodite appartient au groupe des divinités marines, mais elle s’est dégagée de ses origines pour devenir une personnification de la beauté et de la grâce féminines. Elle a tous les traits de la jolie femme, sensuelle, amie du luxe et du plaisir, dépensière jusqu’à l’excès »
Sur d’autres sculptures, elle est figurée avec une abondante chevelure, les tresses dénouées, signe de sa liberté qui crée de nombreux scandales dont s’accommodent fort bien les fidèles. L’artiste a seulement suggéré sa présence. Les deux vagues au bas de la sculpture figurent l’élément liquide, tandis que l’arbre, d’une manière générale est résidence des esprits et le poteau mitan le lien entre les résidences des dieux et les humains qui les accueillent lors des invocations. Ils se matérialiseront dans leur corps qu’ils chevaucheront.

« Ah la belle femme
Qu’est Ezilie
Oh ! je te ferai un cadeau
Avant que tu ne partes, Abobo
. »

( Pour plus d’information : Site : enfanst.soleil.chez.tiscali.fr)
Le culte des jumeaux. Ou loas Marassa.
Les jumeaux sont plus forts que les loas, à cause de l’harmonie, l’union originelle qu’ils symbolisent. On en retrouve dans la plupart des rites., et beaucoup dans les représentations picturales sous des formes très diverses. On leur fait des offrandes régulières, que l’on dépose parfois dans les branches des arbres, ( ils sont très susceptibles !) dans des écuelles doubles ou triples qui leur sont réservées. Quand les Marassa sont de bonne humeur, ils donnent les formules de plantes ou d’herbes médicinales pour guérir les maladies. ( Médecins feuilles et vaudou ont donc des liens particuliers. )
Dans la mythologie chrétienne, ils sont assimilés aux jumeaux Côme et Damien, : les saints martyrs qui, originaires de Syrie, étaient médecins et soignaient gratuitement les pauvres...Selon la légende dorée, leurs extraordinaires capacités étaient directement inspirées par le Saint esprit. Ils furent miraculeusement sauvés de toutes les tortures. « Saint Nicolas, écrit Alfred Métraux, qui a ressuscité les trois enfants que le boucher avait mis au saloir, passe pour être leur père, et Sainte Claire leur mère. Pour obtenir une faveur des loas jumeaux, il convient de s’adresser à Saint Nicolas, la face tournée vers le levant.
Le serpent pourrait faire penser au dieu grec Hermès, messager volant des dieux qui donna aux hommes entre autres bienfaits, la médecine. Mais il peut aussi évoque Damballah, les arbres sont son domaine de prédilection. Il est, comme Ezili, une divinité aquatique. Les initiés possédés par Damballah se comportent en serpents. Il peut apporter l’abondance. Ils ont aussi le pouvoir de faire venir la pluie.

Cette sculpture est donc résolument « porte bonheur », l’auteur y a mêlé avec art et humour tous les esprits positifs.