Ecole Enfants-Soleil de Verrettes

(actualisé le ) par Gérard

La situation dans l’Artibonite touche directement notre école qui n’a pas pu encore ouvrir ses portes.
Sur l’autre rive de la Petite rivière de l’Artibonite, se trouve Verrettes. C’est là que notre école, le collège Massawist tenait tant bien que mal ses portes ouvertes, jusqu’aux vacances dernières. Elle devait rouvrir le 3 septembre, mais vu l’insécurité, les longs parcours que les enfants doivent effectuer pour se rendre à l’école et les risques d pillage, de vols, de viols et de kidnapping, les parents ont préféré garder leurs enfants à la maison.
C’est non seulement le droit à l’instruction qui est bafoué, mais aussi cela prive les enfants d’un repas quotidien qui est souvent le seul de la journée. Les routes sont devenues des coupe gorge et les transports sont impossibles, il n’y a plus de carburant, plus de distribution d’eau potable, les hôpitaux fonctionnent au ralenti et dans ces temps de choléra, c’est dramatique.
Nous espérons que la situation va s’améliorer et notre école pourra rouvrir…mais il n’y a pas de signe positif pour le moment.
Les paysans aussi souffrent de ne pas pouvoir vendre leurs produits : certains ont de tout petits lopins de terre et écoulent leurs marchandises sur les marchés.
Que se passe-t-il dans l’Artibonite ? (Le Nouvelliste du 4 novembre fait un état des lieux.)

Ecole Enfants-Soleil de Verrettes. L’Artibonite n’échappe, pas à l’insécurité et à la faim.

Le lundi 31 octobre 2022, le centre-ville de Petite-Rivière de l’Artibonite a été, une fois de plus, assiégé par le gang nommé Baz Gran Grif, aidé des groupes de Palmis et de Kokorat San Ras. Un journaliste señor de la zone, requérant l’anonymat, dénombre, au moins, « cinq dépôts alimentaires pillés, une quinzaine de maisons brûlées, des dizaines d’entreprises commerciales vidées, des centaines de personnes victimes de violences verbales et physiques ». D’après notre source, « les cas de viols sont très fréquents » ces derniers jours.
Menacées ou exposées, les populations civiles de différentes sections communales ont tout abandonné face à cette situation dramatique qui dure depuis quatre ans environ. « La Belle Rivière n’est qu’un enfer », soupire l’économiste Jacques Théodat, témoin impuissant du cambriolage de son propre magasin en plein jour.
« Tout commence avec les dernières élections législatives », avance le secrétaire général de l’organisation Voix jeunesse de Petite-Rivière de l’Artibonite, André Guerdy. Interviewé par le journal, il explique que « les gangs naissent des machinations politiciennes d’hommes inconscients, avides de pouvoir et de richesse », avant d’ajouter que « les représailles actuelles ont été publiquement annoncées pour venger la mort de Goliath », l’ancien numéro trois des troupes de Savien. « Les patrons officiels des assaillants locaux sont connus de la justice », persiste et signe le leader de la VJ-PRA.
Le secteur agricole enregistre les plus grandes pertes financières du chaos chronique, puisque Petite-Rivière de l’Artibonite est l’une des communes les plus cultivables et les plus cultivées du pays, suivant les données statistiques du ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural. Elle est réputée pour sa production abondante de riz, de maïs, de petit-mil, de patate, de manioc, de chou, d’igname jaune, de chadèque, de café, de cacao et des haricots noirs et rouges.
La coordonatrice générale de la Fédération des entrepreneurs agricoles de l’Artibonite, Bertude Horace, estime que « les paysans sont condamnés à la pauvreté extrême, considérant les actes de banditisme qui n’épargnent personne. Même le système d’irrigation de la Vallée, duquel dépend le travail de la terre, l’élevage des animaux et la consommation des planteurs, est en danger ». Respectée pour son engagement dans la lutte paysanne, elle interpelle le chef du gouvernement, le PM Ariel Henry à « se souvenir de sa terre natale. »
Les notables de la commune sont très critiques envers les autorités départementales. « Les habitants sont aux abois, bien que maintes interventions policières et des opérations musclées des unités spécialisées se succèdent. Elles ne visent pas réellement le démantèlement des gangs », déclare l’un des leaders religieux du centre-ville qui croit que « les dirigeants étatiques cherchent à sécuriser les routes au lieu de combattre les malfrats une fois pour toutes ».
Pour l’instant, « des policiers renforcent le commissariat de Petite-Rivière, des rapports et des réquisitions sont soumis au haut commandement, d’autres moyens sont attendus et de nouvelles stratégies sont à l’étude », indique le Commissaire de Police de Saint-Marc Mathias Jean David, qui rassure que « les Rivartibonitiens peuvent espérer une solution dans les jours à venir ».
Les portes des institutions étatiques et sociales restent fermées à Petite-Rivière, à l’exception de la mairie et du dispensaire Charles Colimon qui fonctionnent au ralenti. Le premier citoyen de la commune, le maire Dort Lereste déplore « les cas d’incendie, de vols, de viols, de blessés graves et d’assassinats ». Il regrette, entre autres, que « la génératrice devant alimenter le réseau en eau potable et le pompage vers le réservoir de la DINEPA ait été emportée par les bandits armés dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 octobre 2022. » Dans un communiqué de presse de ce début de novembre, la commission municipale qu’il dirige lance « un appel pressant à l’aide humanitaire et aux secours sécuritaires. » En ce sens, « une cellule de crise est créée. » Il souhaite finalement « une séance urgente du CSPN sur la commune. »
Afin de se protéger contre les attaques criminelles des bandes armées, ceux qui résident et résistent encore dans la ville, font le choix de condamner la rentrée principale. Ils érigent une barrière métallique à Pont-Bouc. Personne n’y accède si ce n’est que par des issues secondaires. A tout moment, les assauts risquent de continuer.
Cité du Fort de la Crète-à-Pierrot et du Palais aux 365 portes, deux monuments historiques célèbres du patrimoine national, Petite-Rivière de l’Artibonite s’enfonce pitoyablement dans l’abîme, à l’image du pays, sous l’emprise des forces obscurantistes qui hantent toute une nation. Les groupes armés s’intensifient et s’y multiplient. Concrètement, si rien n’est fait, l’avenir sera pire.

Le Choléra se développe dans l’Artibonite.

C’est dans la région du Bas Artibonite que, dans le passé, tout avait commencé il y a quelques années, avec la contamination due à la présence de soldats de L’ONU porteurs de la maladie. il y avait eu 10000 morts dans le pays.
Le retour du choléra fait peur d’autant que les structures médicales ne sont pas au mieux de leurs possibilités d’intervention.

L’hôpital Saint-Nicolas de Saint-Marc certifie la résurgence du choléra dans plusieurs communes du bas Artibonite. Liancourt, Marchand, Petite-Rivière, Grande-Saline, Verrettes, La Chapelle et Desdunes sont, pour le moment, les plus concernées.
Dans une entrevue exclusive accordée au Nouvelliste, le directeur médical, le docteur Frantz Alexis, atteste que « la maladie est dorénavant confirmée dans la région. Du 24 octobre à nos jours, 167 cas suspects, 19 cas probables et 8 cas confirmés sont enregistrés. » Conséquemment, « le personnel médical est organisé et mobilisé pour accompagner la population », affirme le médecin, précisant que « toutes les mesures techniques sont nécessairement adoptées, dont la mise en place d’une structure d’accueil spéciale et la création d’un espace d’isolement.
En pleine construction, « l’hôpital Saint-Nicolas bénéficiera d’une nouvelle salle d’urgence et d’un laboratoire entérique standard, » selon le responsable en chef, ajoutant que « Le dépistage du choléra se réalise présentement de concert avec l’hôpital universitaire de Mirebalais et l’hôpital Albert Schweitzer de Deschapelles, puisque l’appareil technologique disponible doit être agencé »
Le Centre de traitement du choléra de Saint-Marc est établi difficilement dans un coin de l’hôpital et dispose de 20 lits. Des dizaines de patients utilisent des chaises et des bancs, avons-nous constaté. Questionné là-dessus, le responsable de l’HSN confie que, sur la demande de la Direction départementale de la santé publique, « Médecins sans frontières décide d’offrir, cette semaine, 14 lits et des tentes spécifiques qui étendront le CTC de 48 mètres carrés de plus ». MSF apportera aussi son aide en matériel et dans le domaine pharmaceutique », renseigne le responsable.
Le problème est très sérieux, considérant que « le nombre de cas augmente au jour le jour », pour reprendre les mots du Dr Alexis qui invite « chaque individu à suivre soigneusement les conseils hygiéniques de prévention ». Il rassure que « des interventions médiatiques renforcent les campagnes de sensibilisation sur le terrain. » A cet effet, « une vingtaine de médecins, d’infirmières et d’agents de santé se sont engagés », dit-il.
L’HSN n’échappe pas aux problèmes socio-économiques du pays. Il fonctionne difficilement avec une seule ambulance. Aucun autre véhicule n’est au service des patients ou des employés. Sa consommation générale d’énergie est de 125 gallons de diesel par jour. Il a résisté le mois dernier, plus ou moins, à la crise du carburant grâce à des dons pétroliers du ministère du commerce, de l’EDH et de la Digicel.
Le Dr Frantz Alexis, félicite « le dévouement exemplaire de toute l’équipe de l’HSN qui se sacrifie quotidiennement pour rendre les différentes sections de l’hôpital de plus en plus efficace. » Saluant « le courage et le savoir-faire de tous ceux qui sont affectés au CTC », il invite « tout le monde » à faire preuve de prudence pour se protéger du cholera ». Toujours « se laver les mains, boire de l’eau traité, s’assurer de la bonne cuisson des aliments », tels sont les trois conseils salutaires qu’il adresse au grand public, avant de conclure « dès qu’on renverse plusieurs fois ou que l’on est atteint d’une diarrhée répétitive, le mieux à faire, c’est de se rendre au centre de santé le plus proche. »
Disposé de tous les services médicaux de base, l’hôpital Saint-Nicolas de Saint-Marc devint pratiquement un hôpital de référence, contrairement à son statut initial d’hôpital communautaire. Beaucoup d’efforts ont été consenti par l’Etat haïtien et l’organisation internationale Zanmi Lasante, argumente le directeur médical.
Les potentielles victimes du choléra sont dignement prises en charge au sein du CTC, mais les moyens d’assistance sont limités. L’explosion de la maladie sera payante pour nos communautés. En cette saison pluvieuse, la contamination est à craindre dans un pays qui, récemment, d’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé, comptait 800 000 de personnes infectées et 10 000 décès du choléra.