Une semaine en Haïti N° 1673 23 octobre 2024

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Hélas, pas une semaine sans que les violences viennent ensanglanter diverses provinces du pays. Il faudra des années, si les autorités réagissent, pour que la situation revienne à la normale. Nous ne sommes pas optimistes, car les choses ont chaque semaine tendance à devenir pires.
Ce sont les plus modestes qui souffrent.
Nous ne pouvons qu’aider les enfants à survivre. Il est bien difficile de faire des projets.
Votre aide est précieuse pour que le famine, dans nos écoles, ne s’ajoure pas à toutes les misères du pays.

Haïti et la république Dominicaine : l’écart se creuse entre les deux pays qui se partagent l’île. (Cyprien L. Gary)

Haïti et la République dominicaine sont deux pays des Caraïbes qui partagent la même île, Hispaniola. Cependant, bien qu’ils partagent la même île, les deux pays ont connu un développement très différent au cours des dernières décennies. En 1990, les Dominicains avaient un PIB par habitant deux fois supérieur à celui des Haïtiens. 32 ans plus tard, ils sont sept fois plus riches que les Haïtiens.
Alors que la République dominicaine a connu une croissance soutenue au cours des trois décennies, le PIB par habitant d’Haïti a, à peine, augmenté et, parfois, a même légèrement diminué. Pour permettre les comparaisons, tous les revenus sont indiqués en dollars internationaux, ce qui tient compte des différences de coût de la vie entre les pays.
Aujourd’hui, Haïti est le pays le plus pauvre des Amériques, conclut le résumé de Pablo Arriagada qui n’a fait que poursuivre une série de comparaisons entre les deux pays qui a lieu tout au long de la deuxième moitié du 20e siècle.
Généralement, les derniers parallèles dressés entre les deux pays avantagent toujours la République dominicaine dont l’économie a connu un essor fulgurant au cours des six dernières décennies. En effet, en milieu de l’année 2012, un rapport de la Banque mondiale titré « Haïti et la République dominicaine : plus que la somme de ses parties » avait déjà fait état de la grande différence entre les économies des deux pays.
Selon ledit rapport, malgré d’importantes similitudes historiques et culturelles entre les deux pays, la différence dans leurs progrès en matière de développement a été étonnante au cours des 50 dernières années. La République dominicaine et Haïti avaient à peu près le même niveau de PIB par habitant en 1960 ; aujourd’hui (juin 2012), la République dominicaine a un niveau de PIB par habitant cinq fois supérieur à celui d’Haïti.
Le rapport avait fait état de la grande instabilité politique et macroéconomique qui freine Haïti, sans oublier la faiblesse des investissements dans les infrastructures et le capital humain et par la détérioration de l’environnement. « Les relations bilatérales et le dialogue n’ont pas toujours été fluides entre les deux pays en raison de différences politiques sur des questions telles que la migration, bien qu’un sentiment d’héritage et de destin communs ait parfois prévalu », a souligné le rapport.
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 avait laissé entrevoir une chance pour une meilleure relation entre les deux pays, car après le séisme, la mobilisation rapide de la république voisine en faveur d’Haïti en envoyant de l’aide et surtout en servant de plate-forme logistique pour l’aide internationale a ouvert la possibilité d’une amélioration des relations entre les deux pays.
Profitant de cette fenêtre d’opportunité, une équipe d’experts de la Banque mondiale travaillant des deux côtés de l’île a rédigé un rapport qui analyse les questions de commerce, de migration et de reconstruction dans une perspective bilatérale. Grâce à ce rapport intitulé « Haiti, Dominican Republic : more than the sum of its parts », on a pu savoir que les exportations dominicaines vers Haïti étaient proches de leur potentiel, et les deux pays bénéficieraient d’une reconstruction réussie en Haïti qui pourrait augmenter ce niveau potentiel.
En ce qui concerne le phénomène migratoire entre les deux pays, le rapport a aussi permis de voir que dans l’ensemble, la migration semble contribuer positivement aux deux pays, car les transferts de fonds envoyés vers Haïti depuis la République dominicaine sont particulièrement favorables aux couches défavorisées, et le pays d’accueil emploie une main-d’œuvre jeune dans des secteurs économiques où il y a une forte demande.
Ce rapport avait aussi permis de remettre en question certains mythes entourant la migration et le commerce dans l’île grâce aux résultats empiriques. Ces résultats ont démontré qu’il n’existait pas de preuve concluante que les immigrants haïtiens réduisent les revenus des Dominicains non qualifiés ou que le commerce ne se limite pas à la zone frontalière et informelle.

Le rapport, lancé les 4 et 5 juin (2012), devant un public composé de responsables gouvernementaux des deux pays, d’experts en relations bilatérales, de donateurs internationaux, de dirigeants d’associations d’entrepreneurs, de membres de la société civile et d’étudiants, avait fait valoir la nécessité de coordonner les efforts afin d’éliminer les obstacles communs au développement sur l’île a été largement reconnue dans les deux sociétés.
Malheureusement, 12 ans après la sortie de ce rapport, les relations haïtiano-dominicaines sont au plus mal. Car la République voisine, toute fière de ses performances en matière de croissance et de développement économique qui la place dans le peloton de tête des pays de l’Amérique latine, ne semble plus décidé à supporter le poids de son voisin qui traine le boulet d’être le pays le plus pauvre de l’Amérique.
Cyprien L. Gary

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