Nous avons passé un mois en HAITI : Gérard Renard, chargé des projets et Agnès Lahellec qui me seconde dans la gestion des parrainages ; Alain et Blandine, de la délégation Côte d’Or du Secours Populaire nous ont accompagnés durant 15 jours pour voir les réalisations entreprises en partenariat avec notre association. Pour ma part, cela faisait 3 ans que je n’étais pas retournée en Haïti ! mon émotion était forte de retrouver nos amis haïtiens, nos enfants parrainés, mais aussi de revoir Port au Prince deux ans après le séisme.
En arrivant, j’avais en mémoire les images terribles de cette catastrophe et d’après tous les articles que nous pouvons encore lire dans la presse, il me semblait que rien n’avait changé…. depuis ce 12 janvier 2010.
En réalité, il y a deux Port au Prince maintenant. Une ville  où la vie a repris, les rues sont dégagées, les trottoirs sont « presque » propres, la circulation est dense (nombreux embouteillages « blocus »), beaucoup de constructions ici et là… mais les bâtiments administratifs et le palais présidentiel sont toujours en ruines.
Puis une autre ville, celle des camps toujours installés où les conditions de vie sont très difficiles (manque d’hygiène, d’eau, d’électricité, insécurité…), des marchandes de rues  installées sur les trottoirs pour vendre quelques fruits ou légumes et que les services de la Mairie expulsent sans ménagement pour rendre les trottoirs plus propres…et la rue aux voitures.

C’est donc dans cette atmosphère que je « débarque » le 24 janvier 2012 et je vous donne un aperçu de notre emploi du temps durant ce séjour.

Mercredi 25 janvier

            Je découvre la maison « ENFANTS SOLEIL ». Perchée sur les hauteurs de Port au Prince, l’air y est moins pollué et il y fait moins chaud. Roseline et J.Claude, logés avec leurs 3 enfants depuis le séisme (ils avaient tout perdu !) nous accueillent comme tous les haïtiens savent le faire, c’est-à-dire simplement mais très chaleureusement. Des enfants parrainés, sachant notre venue, viennent déjà à notre rencontre.

Jeudi 26 janvier

Petite promenade à Meyotte en passant par la ravine (on imagine à la saison des pluies…)  et briefing avec le Dr Ostene et notre équipe au complet pour le programme de notre séjour.

Vendredi 27 janvier

Départ pour Verrettes (Département de l’Artibonite)
Nous visitons l’ADAV (Association pour le Développement de l’Agriculture de Verrettes) : Ce projet de pépinière a été mise en place en Juillet dernier par Enfants Soleil en partenariat avec le Secours Populaire, la Région Ile de France et la Fondation Agir sa Vie. Sur un terrain loué pour 5 années renouvelables, nous constatons le travail effectué pour développer les cultures vivrières, et l’évolution des plantations d’arbres fruitiers ; un hangar a été construit pour entreposer les récoltes, ranger les outils, les pompes et le motoculteur, dont vient d’être doté le comité de paysans.

Arrivée à l’école Massawist où Wista Cerfère nous accueille; les enfants sont encore à l’école. Nous nous rendons alors au CESV (Centre d’Etudes Secondaires de Verrettes) où nous sommes chargés de faire quelques photos et collecter des informations pour une association lyonnaise, l’AFATIM, qui n’a pas de nouvelles depuis longtemps.

Nous irons ensuite visiter les jardins des fermes 4 et 5. Environ 10 ha de terres cultivées au bord du fleuve Artibonite. Les paysans qui travaillent ensemble sont satisfaits des récoltes.
Grâce au motoculteur, ils divisent par quatre le temps de préparation des terres (y compris les rizières) et s’affranchissent des aléas climatiques. Ils peuvent louer les pompes à d’autres paysans, à des prix préférentiels, et ainsi alimenter leur fond de roulement.

Samedi 28 janvier

A 9 h, nous visitons la Laiterie de Verrettes « Let’à gogo » gérée avec l’aide de l’association haïtienne VETERIMED basée à Port au Prince, mais bien implantée dans le pays..

Puis les jardins de MIRAULT où nous aidons un comité de paysans, avec l’irrigation, une subvention pour la location de terres. Les paysans semblent satisfaits, les récoltes ont été bonnes et permettent à toutes ces familles de se nourrir et de dégager quelques bénéfices.

L’après-midi, nous allons voir l’Atelier de transformation des fruits à Verrettes (soutenu par l’Association stéphanoise ASS’HUM).
Au retour, Wisman MENARD, Maire de Verrettes, vient nous saluer ; il était venu en France fin 2010, invité par la Mairie de Dijon avec le Dr Ostene Joseph.

Dimanche 29 janvier - Verrettes

Après quelques photos de la cuisine de l’école Massawist dont les murs ont été endommagés par le séisme, nous consacrons cette journée
- aux enfants parrainés de Verrettes dont nous ferons des photos et bavardons avec eux   afin de donner des nouvelles à leurs parrains et marraines, dès notre retour.
- aux femmes à qui nous avons consenti des microcrédits pour les aider à créer des petits commerces afin qu’elles puissent nourrir leur famille. Malgré quelques petits problèmes, les micro-crédits ont aidé 80% d’entre elles efficacement. Quelques-unes se sont trompées ( par exemple en achetant des cochons, trop chers à nourrir) et ont dû réorienter leur commerce.

Nous terminerons cette journée en allant à l’Ecole Dumarsais Estimé pour visiter notre réalisation de pisciculture avec des bassins d’élevage de tilapias. Un poulailler a été construit mais les poules n’y sont pas… ils ont préféré aménager trois salles de classe supplémentaires !
(Ils ont commencé à construire des salles de classe, mais, faute d’argent ils ne peuvent pas finir, et les enfants occupent le grand espace du poulailler en attendant.)

Lundi 30 janvier

Départ pour LACHAPELLE (arrondissement de Mirebalais, département du Centre) où nous avons un projet d’adduction d’eau. Nous sommes reçus à la caye (maison) des beaux parents de J.Claude qui nous offrent un petit café.

Visite de SAUT D’EAU : un coin de tourisme, un haut lieu de pèlerinage pour des milliers de pèlerins qui viennent plusieurs fois par an chercher les bienfaits des eaux guérisseuses de cette cascade. Un lieu magique, un bout de terre d’Haïti perdu sous le feuillage des palmiers et des fleurs sauvages.
Nous irons à la mairie de VILLE BONHEUR , baptisée ainsi grâce à l’apparition de la Vierge du Mont Carmel et aux multiples bonheurs que procurent les eaux guérisseuses de Saut d’eau. Remise de cartes postales réalisées par Enfants Soleil, sous l’égide de la Municipalité de Saut d’eau, dont le produit des ventes sera utilisé pour la préservation et l’entretien des lieux mais également pour la promotion des richesses d’Haïti.

Retour à Port au Prince par une route « farine »…. une route très poussiéreuse qu’une bonne douche à l’arrivée nous fera oublier !

Mardi 31 janvier

Nous allons à l’école « La Fraternité » à CITE SOLEIL. Cette école a été entièrement reconstruite par notre association, avec l’aide de la Fondation de France.

Là aussi, nous prenons des nouvelles des enfants et des familles, et aussi beaucoup de photos des enfants parrainés pour les parrains et marraines.

Nous découvrons dans cette cité, réputée dangereuse, des jardins pédagogiques ! incroyable à Cité Soleil ! Nous y retournerons le 10 février (voir plus loin)

 

L’après-midi, nous allons à l’école du Sacré Cœur, dans le quartier de Bel Air : le choc ! (je craque pour la 1ère fois !) 12 élèves dans l’école et seulement 2 enfants parrainés : Scaëlle et Ruth. Nous y retournerons le 8 février (voir plus loin).

Puis nous allons visiter l’école de BEL AIR (pour l’association ATR Timoun Restavek). Cette association a financé la construction d’une cuisine et d’un local de réserve, dont nous avons réalisé les travaux. Le local est prêt et la cantine pourra être opérationnelle courant mars pour les 300 enfants de cette école

Retour sur Meyotte à 17 h et arrivée à la maison à 19 h 30 ! (2 h 30 de trajets en raison des « blocus » (embouteillages monstres et permanents à P.au P.)

Mercredi 1er février

Lever à 5 h 30 pour quitter P.au P. à 8 h 30 ( !) direction HINCHE dans le Plateau Central.
La route de Hinche est très belle désormais.
Nous nous arrêtons au barrage de PELIGRE (centrale hydraulique – les engins laissés sur place datent de l’époque de Duvalier Père)
Quelques problèmes techniques avec la voiture… nous arrivons à HINCHE à 11 h 30.

Nous sommes attendus dans la maison d’EVODIEU (le frère de Fernand Emmanuel).
Ostene, Gérard et Fernand partent au marché faire des provisions, tandis que j’achète quelques articles d’artisanat.
En début d’après-midi, nous avons une réunion avec Evodieu au sujet du projet de développement (jardins, pépinières) à Savane Laboue :
Un terrain de 4 carreaux (soit 5 ha) appartenant à Evodieu sera divisé entre 6 comités de 20 personnes ; ce terrain sera mis à la disposition du comité pour 5 ans (voir ci-après)
Il conviendra de prévoir le matériel (pompes, groupe électrogène à acheter) ; les anciens documents du projet ont dû être revus: à chaque groupe de travail (20 personnes), une petite compensation qui servira de fonds de roulement, sera versée au Comité.

Jeudi 2 février

Après une bonne nuit dans la caye (maison) d’Evodieu, petit dèj (café et cassave) et départ pour SAVANE LABOUE. C’est une région très aride, à environ 15 kms de HINCHE, où nous avons un projet d’irrigation pour les paysans très pauvres de ce secteur ; la mère de Fernand Emmanuel et d’Evodieu, âgée de 92 ans, y vit seule dans une petite maison très rustique et, malgré son grand âge, se rend à la messe chaque semaine, à dos d’âne !
La route est caillouteuse, impraticable durant la saison des pluies. Nous allons voir le terrain qu’Evodieu met à la disposition du Comité pour le développement de jardins ; l’altitude est de 283 m ; le terrain est de 5,3 ha ; prévoir forages, pompes à main, pompes immergées, irrigation, semences…
Au retour, la mère de Fernand nous offre à manger du poulet boucané, riz, puis nous rentrons à Port au Prince.

Vendredi 3 février

C’est la journée « artisanat » ! départ pour Croix des Bouquets (Village artistique de Noaïlles) où travaillent les sculpteurs sur fer) ; on l’appelle aussi «village des toc-toc » en raison des coups de marteau répétés sans cesse sur les tôles.

C’est avec plaisir que nous rencontrons Fritz CALIXTE (qui était venu en France en Novembre 2009 et que nous avions reçu à Dijon – il se souvient avoir eu très froid ! effectivement la température était descendue à cette époque à – 10° et nous avions de la neige)
Rencontre également avec Serge JOLIMEAU, grand maître ferronnier de réputation mondiale, qui nous fait visiter sa maison.

Samedi 4 février

Visite de Niphaëlla Marc, une petite fille très handicapée, et son papa que nous reverrons car il a rendez-vous lundi 6 février à l’Hôpital communautaire Ste Thérèze à Pétionville, pour que Niphaëla passe des radios et voir si une opération serait possible.

Nous avons ensuite rendez-vous avec Robenson JEAN, un petit garçon parrainé,  handicapé également, dans le camp où il vit avec sa grande sœur, Lousena, et sa maman, sous la tente.
Les tentes, installées  maintenant depuis 2 ans, sont sales, déchirées… imaginons par temps de pluie… mais la vie s’est organisée tant bien que mal… et plutôt mal que bien…

Nous allons encore rencontrer encore beaucoup d’enfants et de familles d’enfants adoptés en France, des familles avec qui nous sommes en relation et qui veulent garder des liens avec les familles biologiques de leurs enfants.

Après cela, nous allons au Marché de Fer (entièrement reconstruit à l’identique), où nous faisons quelques achats d’artisanat et quelques courses, notamment des ballons pour les enfants du quartier où nous logeons.

Puis nous nous rendons à l’Institut Français où se déroulent les divers spectacles organisés par le Festival « Etonnants Voyageurs » ; ce jour-là, un spectacle d’Arthur H est prévu à 18 h mais nous ne pourrons y assister « toutes les places sont réservées et c’est complet ». Nous sommes un peu déçus de n’avoir pu participer à aucune des activités ou rencontres avec des écrivains durant ce festival, rencontres et débats ayant lieu dans différentes villes du pays et différents endroits de Port au Prince.

Nous nous consolerons néanmoins en allant boire un verre à l’Hôtel OLOFSON, lieu mythique de Port au Prince qu’il faut voir ne serait-ce qu’une fois ! l’hôtel, construit au début du siècle dernier, était un hôpital, puis dans les années cinquante, cette bâtisse splendide est devenue l’unique hôtel de luxe de Port au Prince. Immortalisé par Graham Green, il a reçu toutes les plus grandes personnalités du monde. Il n’a pas été détruit par le séisme. Aujourd’hui encore il fascine le visiteur, les murs sont un hymne à l’art haïtien !

Dimanche 5 février

Départ de Stéphanie BARZASI, journaliste, qui était avec nous depuis le 25 janvier et qui doit réaliser un ouvrage sur l’agriculture et la paysannerie haïtienne pour le compte d’une maison d’édition. Tandis qu’une partie de l’équipe la raccompagne à l’aéroport, je reste à la maison pour prendre un peu de repos puis nous allons avec Fernand visiter sa maison à quelques centaines de mètres de la maison ESOL à Meyotte. La maison a besoin de quelques réparations.

L’après-midi, nous allons à PERNIER, la maison louée par Enfants Soleil et qui abrite plusieurs familles composées de femmes seules avec leurs enfants, pour certains handicapés lourdement, et qui vivaient sous la tente depuis le séisme. Ainsi, nous rencontrons :

- Jad et sa maman, Suze Marcellus.
- Stéphanie Monnay (amputée d’une jambe) et sa maman, Guislaine Hérat. Guislaine a 5 enfants (Blandine 2 ans, Martine Désir 12 ans, Farah Désir 14 ans et Sarah Désir 17 ans – ses 3 nièces, orphelines de père et de mère qu’elle a recueillies après le séisme)
- Georgeline JeanLouis (amputée à la cuisse) et sa maman, Genèse JeanLouis ; Genèse à 8 enfants (Ecrissa 17 ans, Carline 10 ans handicapée et muette, et 5autres enfants dispersés dont elle ne sait pas vraiment où ils vivent…)
- Kervens NOEL et sa maman Eclane NOEL avec 4 autres enfants ; ils sont à Pernier depuis début 2012 seulement car les enfants étaient scolarisés ailleurs (2 d’entre eux sont à Cité Soleil à l’école la Fraternité) ; à la rentrée de septembre, ils seront tous scolarisés dans une école proche de Pernier.
- Enfin, Bénédithe et sa maman M. Josée Désamours, infirmière, que nous connaissons depuis de longues années et qui s’occupent de toutes ces familles.

Ce sont donc 20 personnes qui vivent désormais à PERNIER et d’autres familles pourront encore y être accueillies. Quelques aménagements sont à prévoir surtout pour sécuriser les alentours. La maison est située sur les hauteurs de Port au Prince, la vue est magnifique, l’air y est plus frais et surtout moins pollué. Le chemin est très escarpé mais les petites handicapées y sont très à l’aise malgré leur béquilles ! de vrais petits prodiges !

Deux de ses femmes se sont faites saisir leurs marchandises par les services de la Mairie qui interdit aux petites marchandes de vendre sur les trottoirs (un scandale dont nous avons parlé plus haut !) et nous avons fait en sorte de les dédommager.

Au retour de Pernier, nous nous arrêtons à TORCELLES (autre quartier de P.au P.) où nous voyons encore quelques enfants parrainés.

Lundi 6 février

Rendez-vous à Port au Prince, près du Champ de Mars où nous attend David pour quelques achats d’artisanat. Puis nous en profitons pour visiter le Musée National d’HAITI : Musée historique et exposition photos du séisme de Janvier 2010.
Après cette visite très intéressante de l’histoire d’Haïti et de cette expo très émouvante en hommage aux victimes, nous retrouvons David qui nous emmène chez lui à Camp Militaire. Sa maison est en partie détruite et aurait vraiment besoin d’être réparée. Nous y rencontrons son épouse, Davidson et Job, les 2 garçons de David. Nous n’oublions pas le décès de sa fille Jumelda survenu subitement quelques mois après le séisme.

A notre retour à Meyotte, nous avons la visite de Miguel JEAN, 5 ans (parrainé), de sa sœur Ghislaine 15 ans et de leur maman. Nous vous racontons leur histoire :
Miguel, amputé d’une jambe, va à l’école  proche de son domicile. Ils habitent dans le quartier « brisetout » à Pétionville, une petite caye « crasée » et réparée sommairement avec des blocs et des tôles.
Lors du séisme, Miguel a été transporté à l’hôpital par son père. L’enfant a été ensuite transféré par avion à Cuba où il a été amputé. Les soins qu’il a reçus ont duré 2 mois et pendant ces 2 mois, la mère ne savait rien de Miguel, s’il était mort ou vivant !

Actuellement, Miguel ne met pas sa prothèse car trop lourde pour marcher, semble-t-il.
Le père 48 ans est maçon (journalier) mais n’a pas de travail en ce moment. Ils ont 8 enfants en tout (le père a eu 4 enfants avec une autre femme). La maman n’a pas de travail ; elle avait un petit commerce de rue mais la Mairie de Pétionville a expulsé les marchandes et pris leurs marchandises (riz, huile,…).
Devant une telle situation, nous évoquons la possibilité de leur consentir un micro-crédit afin qu’elle puisse reprendre un petit commerce.
A leur départ, nous donnons 1000 gdes (20 €) à la maman pour qu’ils puissent rentrer en tap-tap et acheter une paire de chaussures à la sœur de Miguel, qui n’a pu aller à l’école faute de souliers.

Nous pourrions vous raconter l’histoire de tous ces enfants…. Beaucoup d’entre eux ont vécu des drames et connaissent encore beaucoup de souffrance…

Mardi 7 février

Lever à 4 h 30 ! départ pour JACMEL

Sur la route de LEOGANE, refaite à neuf depuis le séisme, nous faisons halte chez l’oncle de J.Claude pour déguster quelques noix de coco.
Arrivés à JACMEL vers 11 h  : le marché, quelques échoppes d’artistes où nous achetons un peu d’artisanat, puis nous nous octroyons quelques heures de « vacances » au restaurant « L’Amitié » où nous prenons notre 1er bain dans la mer des Caraïbes. 1 h 30 dans l’eau turquoise et douce, quelques vagues, le bonheur !
A 15 h, nous reprenons route pour Port au Prince afin d’être rentrés avant la nuit…car cela est préférable (prudence toujours) mais les encombrements feront que nous arriverons à la maison vers 20 h.

Mercredi 8 février

Un peu de repos pendant que Gérard, Fernand et Ostene vont la Direction Générale des Impôts, s’acquitter d’un impôt pour la voiture de l’association. 
Nous les rejoignons à 11 h 30 pour aller à l’Ecole du Sacré-Cœur et rencontrer Wesly et son père Roboam.
Nombre d’enfants fréquentant l’école : env.20 – 4 profs dont Wesly et Roboam
L’école n’a pas de cantine. Auparavant, on donnait aux enfants un bol d’AK 100 (bouillie de maïs) mais depuis Juin 2009, l’école n’a reçu aucune aide du PNCS (Programme National des Cantines Scolaires). Les tarifs de l’école sont trop élevés : frais d’entrée 5000 gdes, soit 100 € pour l’année pour chaque enfant.
Wesly doit partir aux Etats Unis durant 6 mois… rien n’est sûr.  Le père se propose de faire fonctionner l’école durant ce temps-là, mais compte-tenu de son âge (75 ans) et de son état de santé, peu de chance pour que cette école puisse vivre longtemps encore !
3 enfants parrainés restent à ce jour dans cette école :
Ruth Simpreux, Scaëlle Lincey Pierre et J.Marc Keller (absent cependant depuis le 3 février 2012).
Ils devront être surveillés étroitement par notre équipe.
4 enfants seront classés « hors circuit » c’est-à-dire gérés directement par nous :
- Keven Toussaint, Edmond Emmanuel, Tania Belfort et Maxime Saintlus.

Jeudi 9 février

Nous restons à la maison : pénurie d’essence !! ce qui va nous perturber nos déplacements durant 4 jours.
A 15 h,  J.Claude accompagne Alain et Blandine à l’aéroport
tandis qu’Agnès et moi allons, avec Roseline, au marché de Pétionville en tap-tap (Gérard reste à la maison pour faire quelques comptes-rendus)

Vendredi 10 février

12 h – R.V. à CITE SOLEIL
En attendant la fin des cours à l’école « La Fraternité », nous visitons des jardins pédagogiques réalisés à proximité de l’école par une association haïtienne « PAX CRISTI AYITI » implantée à Cité Soleil. Ils ont comme partenaires une organisation, la CCM « Centrale Communautaire Ménonite ». Leurs activités sont diverses : sport (basket, foot-ball…) éducation (aide aux devoirs…), services communautaires aux personnes âgées, et ces superbes jardins pédagogiques, étonnants en plein centre de Cité Soleil !
Leur directeur, Daniel TILIAS, nous donnera une copie de ce projet.

Puis nous pénétrons dans notre école « la Fraternité ». Là aussi, quelques photos des enfants parrainés que je devrai envoyer aux parrains et marraines à mon retour en France. Pour 232 enfants parrainés à ce jour par l’association, ce sera plus de 400 photos à trier à l’arrivée !!

Nous rentrons à Port au Prince. … quelques arrêts pour tenter de trouver de l’essence ! sans succès. Arrivés à Meyotte, le camion citerne livre l’eau à 21 h 30 afin de remplir la citerne de la maison.

Samedi 11 février

Nous ne faisons rien (si l’on peut dire !) car nous sommes bloqués à la maison : toujours cette pénurie d’essence ! C’est l’occasion d’avancer les comptes, de discuter des projets et des interventions à mener, et de continuer les compte-rendus.
J’en profite pour aller acheter une carte Natcom avec la petite voisine (10 ans) pour téléphoner en France, mais mon téléphone est déchargé et il n’y a pas d’électricité !
Je suis sur le toit de la maison où je fais quelques photos… encore !... et nous mangeons quelques spécialités : Igname, riz pois, cabri et bananes plantin…. Jus de cachiman, corossol, mangue, papaye, chadèque, tamarin.

Dimanche 12 février
Lever à 6 h ! c’est la 1ère communion de Dhaelly (la fille aînée de J.Claude) et la messe est
à 7 h ! à l’église St Pierre (place St Pierre à Pétionville). Seuls J.Claude, Jérémie et moi seront présents à la cérémonie : pas de famille proche car J.Claude et Roseline n’ont pas les moyens d’inviter des amis et membres de la famille. Même Roseline, la maman, n’assistera pas à la messe car elle n’a pas d’habits suffisamment « élégants » pour s’y rendre. Elle préfère rester à la maison… c’est ainsi en Haïti !...
La cérémonie fût très belle et Dhaelly était très jolie avec sa couronne de fleurs et sa robe blanche. Mais durant la messe, Dhaelly a fait un petit malaise sans doute dû au fait qu’elle n’avait presque rien mangé ; elle est assez fragile. 
A la sortie, j’achète quelques objets d’artisanat aux vendeurs sur la place St Pierre et nous passons dans une pâtisserie acheter un gros gâteau pour la circonstance, que nous partagerons ensemble avec quelques enfants du quartier.

Au retour, nous croisons un camion de la Mairie et leurs sbires qui virent les petites marchandes sur les trottoirs, en saisissant toutes leurs marchandises ! UN SCANDALE ! pour ces femmes qui n’ont que cela pour survivre et faire manger leurs enfants !

Lundi 13 février

J.Claude a réussi à trouver de l’essence ! Nous décidons alors de partir à VERRETTES.

Arrivés chez Wista, nous prenons un petit repas et je me rends chez Gracieuse Dénéus, la mère de Garensha. Garensha est un jeune garçon parrainé par l’association, qui a terminé ses études secondaires. Ayant réussi son bac, il est maintenant en pré-fac et souhaite faire Médecine ; il est à Port au Prince cette semaine ; nous le verrons mercredi suivant.
Le problème de ce jeune garçon avec lequel je correspond régulièrement, est crucial.
Il doit participer à plusieurs examens qui auront lieu de Juillet à septembre afin de pouvoir intégrer soit la faculté de médecine, soit Pharmacie, soit Odontologie (l’inscription à ces examens est de 100 $ HT s’il inscrit dans une faculté d’Etat  + 600 $HT de frais de participation, soit 70 euros).

S’il réussit à l’un ou l’autre de ces examens, il pourra rentrer fin septembre en Faculté et poursuivre ses études, ce que je souhaite pour lui car c’est un garçon très motivé et très méritant. Tous ses espoirs sont fondés sur nous, car, orphelin de père, sa mère n’a pas les moyens de financer ses études (elle travaille comme cuisinière à l’école de Verrettes).

C’est un réel problème pour certains de ces enfants que nous parrainons depuis plusieurs années et qui arrivent en fin d’études secondaires. Nous allons chercher par tous les moyens la possibilité de pouvoir financer leurs études.

Mardi 14 février

Verrettes – 7 h 45 lever du drapeau à l’école et nous rencontrons d’autres enfants parrainés que nous n’avions pu voir lors de notre première visite.

9 h – Nous avons rendez-vous avec Mme Schiller, couturière (les responsables des 4 Ateliers de Verrettes qui avaient été lancés par l’Association de Sœur Agnès Thibault, ne s’entendent plus et travaillent désormais séparément)

10 h – Nous retournons au CESV faire quelques photos de l’école avec les élèves (une centaine sont présents).
10 h 30 – Arrêt chez Monique St Hilaire (autre couturière des Ateliers de Verrettes) où nous faisons quelques achats d’artisanat.

Puis chez Wisman MENARD, Maire de Verrettes, qui nous accueille dans un nouveau local provisoire ; la Mairie de Verrettes  très endommagée avant le séisme, n’est désormais plus occupée. Wisman qui avait été accueilli en France par la Mairie de Dijon, en novembre 2010, nous remercie encore pour l’accueil qu’il a reçu dans les différentes familles dijonnaises et beaunoises durant son séjour. Il est technicien agricole et assure la formation technique du « Comité des paysans de Verrettes ».

Mercredi 15 février

Nous avons rendez-vous à 9 h à Delmas 19. Ce local appartient à l’oncle d’Ostene ; l’étage supérieur est occupé par une école que nous visitons et dont le directeur nous demande de l’aide… comme toutes les écoles ! le rez-de-chaussée sert de Siège à ENFANTS SOLEIL HAITI et de lieu de réunion pour les enfants parrainés de P.au Prince.

A 15 h, nous nous rendons à Bois Moquette (sur les hauteurs de Port au Prince) afin de voir la maison de Florida (filleule de René Soler), dont René a financé la reconstruction, que nous avons assurée.
Au retour, nous rencontrons sur le trottoir, un artiste peintre attelé à l’une de ses œuvres : il s’agit de Jean Fritzner CASIMIR, petit-fils du grand et célèbre peintre Laurent CASIMIR (décédé). Agé d’environ 50 ans, J.F.Casimir peint depuis 1976 ; auparavant, il était ébéniste mais pour raisons de santé, ne peut plus exercer son métier, alors il s’est mis à la peinture. Il peint dans ce quartier calme de Pétionville, sur la route de Bois Moquette, où il habite. Nous prenons rendez-vous avec lui pour visiter son atelier (il exporte ses toiles aux Etats Unis, au Canada).

Jeudi 16 février

10 h – Nous avons rendez-vous à l’Université QUISQUEYA pour régler les problèmes administratifs d’un jeune garçon, Socrate, qui est aidé par une famille française ayant adopté l’une de ses sœurs. Cette famille nous a  chargés de vérifier les besoins de Socrate. Un rapport est fait et leur sera envoyé.

12 h – Nous allons chez les Frères de St Jacques à la Fleur du Chêne (photos) pour acheter les livres commandés par René Soler depuis décembre 2010. Nous y achetons de très jolies cartes Baneco et cartes brodées.

Nous rencontrons ensuite Nadège LEVEILLE, la maman d’Alexander, qui est parrainé, elle est paralysée ; elle est dans un fauteuil roulant suite à des tirs de balles reçus dans la colonne vertébrale.
Nadège est une jeune femme, gaie et courageuse : elle tient un petit commerce de rue (cartes téléphone, boissons…) grâce à un micro-crédit d’Enfants-Soleil.. Son fils Alexander qui aura bientôt 5 ans est à l’école (2ème année préscolaire) ; le père est décédé.
Nadège nous explique : elle pourrait être opérée au Vénézuela… (opération de la colonne vertébrale ; ses doigts de pieds bougent à 50 %) ; elle a un ami qui a des connaissances à l’Ambassade du Vénézuela mais ne sait pas si elle pourra aller dans ce pays. L’Ambassadeur reçoit des bourses pour des étudiants ; peut-être pourrait-elle en bénéficier ?... On lui demande un document du docteur cubain comme quoi cette opération est possible mais ce docteur cubain n’est plus en Haïti. Il faudrait revoir un autre médecin et passer une visite chez un spécialiste qui seul pourrait lui procurer un dossier complet. En avril, d’autres personnes doivent aller au Vénézuela se faire opérer. Elle n’a pu aller en son temps à Houston par manque de papiers et a beaucoup pleuré. Elle a son passeport maintenant et espère…

Vendredi 17 février

9 h - Rendez-vous à DELMAS 19 avec les enfants parrainés de P.au Prince ; ils sont nombreux à nous attendre…. Encore beaucoup de photos à prendre…. Beaucoup de choses à raconter…..

Dans l’après-midi, Ostene s’absente durant 1 h environ pour faire une course…
Au retour à Meyotte, je reçois un téléphone d’Ostene et  sa femme Josette qui me souhaite « bon anniversaire » surprise ! J.Claude revient avec un gros carton contenant 1 énorme gâteau, 1 bouteille de vin du Chili, des biscuits… (c’était le motif de la course effectuée dans l’après midi par Ostene et j’ai su après que Michel était passé par là aussi !)  Nous partageons ces friandises avec toute l’équipe et les enfants.

Samedi 18 février
 
Nous allons faire un tour à Pétionville, Place St Pierre, pour voir quelques peintres et leurs toiles exposées dans la rue. Nous allons aussi visiter l’atelier du peintre Jean Fritzner CASIMIR que nous avions rencontré le 15 février.

Dimanche 19 février

R.V. avec Alix Joseph, le frère d’Ostene et responsable des projets dans le Nord Est. N’ayant pu aller à Ouanaminthe, en raison de la pénurie d’essence, il est venu en autobus depuis Ouanaminthe pour nous rencontrer. Nous le voyons place d’Italie (ou Place des Nations Unies),  place avec de jolies statues mais sans les drapeaux qui habituellement ornent ce lieu.
Tout proche, l’ancienne Poste centrale qui avait été détruite lors du séisme (en reconstruction)

Le soir, nous tenterons d’aller voir le carnaval… mais rien n’est prévu à Port au Prince ; tout se déroule aux CAYES… (à 4 h de route de Port au Prince). Dommage !

Lundi 20 février

Un peu de repos…. Je reste à la maison avec Bénédithe qui souhaitait passer une journée avec moi ; elle m’aide à boucler mes valises car le départ est prévu pour bientôt….

 

Mardi 21 février
Dernier R.V. à 9 h à Delmas 19 pour quelques enfants que nous n’avions pas encore eu la chance de rencontrer.

David nous apporte quelques sculptures commandées à Croix des Bouquets.

Mercredi 22 février

Michel Jeanthyl vient me dire au revoir, ainsi qu’Alix.
Et à 12 h 30, Fernand, Ostene et sa femme Josette, J.Claude et Gérard m’accompagnent à l’aéroport. On se quitte à l’entrée de l’aéroport avec un peu d’émotion…

Je reviendrai !.... si Dieu veut !

 

                                   Annie